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VOYAGE SUR LE RHIN. 371<br />

A peine Roch eut-il senti ses forces renaître, qu'il partit<br />

pour Florence où il guérit un grand nombre de pestiférés,<br />

tandis que par une voix du ciel il fut lui-même complétement<br />

guéri. De retour chez Gotthardus, il décida ce seigneur<br />

à venir avec lui habiter la forêt pour y servir Dieu<br />

jour et nuit. Dès qu'il s'aperçut que le néophyte était suffisamment<br />

initié à cette pieuse vie d'anachorète, Roch<br />

partit pour Montpellier. Dans cette ville qui lui avait appartenu<br />

et dont il avait fait don à son cousin, il fut pris<br />

pour un espion, car le pays était alors en guerre. On le<br />

conduisit devant son cousin qui, ne le reconnaissant point<br />

sous ses misérables vêtements, le fit jeter en prison. Loin<br />

de murmurer, Roch remercia Dieu de ce qu'il voulait bien<br />

lui accorder tant de malheurs; et non content de refuser<br />

toute autre nourriture que du pain et de l'eau, il s'imposa<br />

volontairement des jeûnes et des veilles.<br />

Cinq ans s'étaient écoulés ainsi, lorsque sentant sa fin<br />

s'approcher, il pria un de ses geôliers de lui amener un<br />

prêtre. A peine celui-ci fut-il arrivé que le cachot s'éclaira<br />

subitement, et le visage de Roch prit une expression si<br />

divine, que le serviteur de Dieu, d'abord saisi d'effroi, puis<br />

d'admiration, courut chez le seigneur de la ville et lui apprit<br />

ce qu'il venait de voir.<br />

Cet incident merveilleux se répandit dans la ville, et les<br />

habitants, convaincus que le prétendu espion, que depuis si<br />

longtemps on retenait dans un cachot affreux, était le plus<br />

pieux des hommes, se portèrent en foule pour le voir.<br />

Roch venait de rendre l'âme, mais à travers les fentes<br />

de la porte de son cachot, on voyait briller la lumière des<br />

lampes qui brûlaient autour de son corps étendu sans vie<br />

sur le sol de la prison. La croix rouge empreinte sur sa poitrine<br />

et avec laquelle il était venu au monde, le fit reconnaître<br />

par son cousin, qui donna l'ordre de le faire enterrer<br />

avec la plus grande pompe ; le peuple suivit le convoi en<br />

poussant des cris de douleur; il ne pouvait se consoler<br />

d'avoir perdu un aussi saint homme.

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