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ANNALES. 423<br />

tions nous forcèrent d'abandonner cette oeuvre capitale, et<br />

de nous borner à des travaux moins fatigants.<br />

Schiller continua sa traduction de Phèdre, et moi celle<br />

du Neveu de Rameau. Bientôt nous nous aperçûmes que<br />

notre talent, en s'exerçant ainsi sur un talent étranger au<br />

lieu de créer lui-même, devenait plus frais et plus puissant.<br />

Phèdre devait être représentée le 30 janvier, et Schiller<br />

travailla avec tant de passion, qu'elle put l'être en effet.<br />

A Weimar, comme ailleurs cette tragédie fournit à plus<br />

d'une grande comédienne, l'occasion de se surpasser ellemêmp.<br />

Deux incendies qui éclatèrent à quelques jours d'intervalle<br />

et dont chacun m'avait menacé personnellement,<br />

aggravèrent tellement mon indisposition, qu'il me fut impossible<br />

de quitter ma chambre. Schiller aussi se trouvait<br />

retenu chez lui par le mauvais état de sa santé. Ne pouvant<br />

plus nous voir, nous primes le parti de nous écrire.<br />

Quelques-unes des lettres de Schiller, datées du mois de<br />

février et du mois de mars, prouvent que malgré ses souffrances,<br />

son activité ne l'abandonnait pas, qu'il était résigné<br />

et qu'il ne conservait que peu d'espoir de guérison.<br />

Au commencement de mai j'allai le voir et je le trouvai<br />

sur le point de se rendre au théâtre. Ne voulant pas l'en<br />

empêcher et ne me sentant pas encore assez rétabli pour<br />

l'accompagner, nous nous quittâmes sur le seuil de sa<br />

porte pour ne plus jamais nous revoir !<br />

Mon état physique et les dispositions de mon esprit<br />

étaient telles, que mon entourage sentait que pour ne pas<br />

succomber j'avais besoin de toutes mes forces ; aussi personne<br />

n'osa-t-il d'abord m'instruire de la mort de Schiller.<br />

Je ne pouvais cependant l'ignorer longtemps, et mes<br />

maux et mes souffrances redoublèrent.<br />

Revenu à moi, je cherchai un travail qui pût entièrement<br />

occuper mon esprit, et Démétrius se présenta à ma pensée.<br />

On sait déjà que depuis Wallenstein, Schiller n'avait rien<br />

composé que je n'eusse suivi pas à pas. Nous discutions

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