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CAMPAGNE DE FRANCE. 305<br />

cher des fourrages, nos soldats pillaient une maison qu'on<br />

nous indiquait de la main; c'était celle d'un tisserand à qui,<br />

faute de mieux, les pillards avaient pris ses outils. Grâce à<br />

des représentations entremêlées de menaces, les fauteurs<br />

du désordre restituèrent leur butin, et se retirèrent en promettant<br />

de ne plus se laisser tenter par le bien d'autrui,<br />

ce qui ne me rassura pas complétement; car ces tentatives<br />

de pillage pouvaient se renouveler sur d'autres points, et<br />

soulever contre nous toutes les populations de la contrée.<br />

A peine étions-nous parvenus à apaiser le tumulte,<br />

qu'un hussard du régiment de Weimar, vint me confier<br />

que, dans une maison voisine, il avait découvert un magnifique<br />

cochon gras, qu'on avait refusé de lui vendre,<br />

mais qu'il fallait s'approprier par tous les moyens possibles,<br />

parce qu'il ne nous restait plus aucune espèce de<br />

provisions. Il me parut singulier de m'engager dans une<br />

expédition à peu près semblable à celle que je venais<br />

d'empêcher, mais le besoin ne connaît pas de loi, et nous<br />

suivîmes notre hussard dans la maison en question. Après<br />

avoir vanté les vertus des troupes régulières, qui ne cherchent<br />

à se procurer les vivres dont elles ont besoin qu'en<br />

les payant comptant, nous opposâmes à cette apologie<br />

l'esprit de rapine des traînards et des cantiniers, d'où<br />

nous arrivâmes naturellement à conclure, qu'il était dans<br />

l'intérêt du propriétaire du cochon de nous le vendre,<br />

parce que les écus étaient plus faciles à cacher qu'un bétail<br />

quelconque.<br />

La négociation en était là, lorsqu'on frappa violemment<br />

à la porte. Nous restâmes tous muets et immobiles, car<br />

personne ne se souciait d'introduire un nouveau venu,<br />

mais lorsque nous entendîmes la voix d'une femme demander<br />

en allemand la grâce de la laisser entrer, nous<br />

allâmes ouvrir. Une vieille cantinière, tenant dans ses bras<br />

un objet soigneusement enveloppé, se présenta la première,<br />

une jeune personne pâle et se soutenant à peine la<br />

suivait de près. Pour expliquer d'un seul coup la situa-<br />

26.

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