Mehrsprachigkeit in Europa: Plurilinguismo in Europa ... - EURAC

Les processus de majoration de la langue nationale:
Analyse comparée des politiques linguistiques de
la France et de l’Allemagne en ce qui concerne le
status du français et de l’allemand
Abstract
Cécile Jahan, Université Marc Bloch Strasbourg, Cecile.Jahan@umb.u-strasbg.fr
Dans cette contribution, on s’interrogera sur la nature des actions relevées en France et en Allemagne de 1990
à nos jours visant à majorer la langue nationale en vue d’en établir une présentation ordonnée. L’approche
comparative aidera ici à constituer, à partir des phénomènes observés, une typologie permettant de rendre
plus lisible les politiques linguistiques des deux pays. La seconde partie s’arrêtera plus spécifi quement sur
les conséquences et les effets des actions. On se demandera dans quelle mesure ces actions contribuent
à la majoration de la langue nationale, si et comment il est possible de mesurer les effets d’une action,
qu’est-ce qui nous permet de dire que la langue nationale en ressort majorée. Cette partie pose plus
généralement la question de l’évaluation d’une politique linguistique.
1. Remarques liminaires
Cette contribution s’inscrit dans une réfl exion plus large portant sur les politiques linguistiques
de la France et de l’Allemagne de 1870 à nos jours et qui a pour objectif d’analyser dans
une perspective comparative les actions visant la langue nationale dans les deux pays.
L’approche comparative, qui constitue notre cadre méthodologique, ne vise pas tant à récolter
des faits, mais davantage à trouver des points communs ou inversement des divergences qui
découlent des facteurs historiques, sociologiques, économiques, culturels et des contextes
antérieurement analysés pour mieux comprendre les logiques sous-jacentes aux politiques
française et allemande. En d’autres termes, nous cherchons à savoir si les deux pays présentent
des différences ou des ressemblances pour ce qui est de leurs actions concernant un même
objet (la langue nationale), de l’idéologie sous-jacente à ces actions, des objectifs visés, de
leurs conséquences et leurs effets.
Dans le cadre du colloque « Mehrsprachigkeit in Europa » organisé par l’EURAC du 24 au 26
août 2006 à Bolzano en Italie, nous nous limitons à la période contemporaine allant de 1990 à nos
jours et aux actions qui concernent le status de la langue nationale en France et en Allemagne.
Le terme de status renvoie ici à la dichotomie introduite par Kloss (devenue usuelle) qui oppose
le status au corpus. S’il y a consensus sur ce qu’on entend par corpus (la langue elle-même
envisagée à tous les niveaux -lexical, terminologique, syntaxique, orthographique, graphique,
grammatical, phonétique, etc.), la défi nition de status, est, quant à elle, plus problématique.
Le status peut être juridique et/ou social, de droit ou de fait, c’est-à-dire fi xé ou non par des
lois qui lui attribuent un degré d’institutionnalisation (par exemple, une langue dite offi cielle
bénéfi cie du degré le plus élevé d’institutionnalisation) et des fonctions dans des domaines
précis (langue de travail, de communication, de la justice, de l’école, de la législation, etc.).
Le status infl ue souvent sur le prestige ou l’absence de prestige d’une langue, sur sa valeur
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