Mehrsprachigkeit in Europa: Plurilinguismo in Europa ... - EURAC

François-Xavier Bogatto, Elise Mercier, Arlette Bothorel-Witz
• Les informateurs qui acquièrent, parallèlement, deux langues germaniques n’établissent
aucun lien (linguistique) entre l’anglais et l’allemand ; ils se contentent de confronter les
aspects didactiques et pédagogiques (facilités, méthodes d’enseignement, etc.);
• l’aspect communicationnel qui apparaît comme l’objectif essentiel de l’apprentissage /
enseignement des LVE ne laisse pas de place dans le discours à une conception de la langue
comme partie constitutive ou comme vecteur d’une autre culture. La représentation de la
langue comme fait culturel n’est pas verbalisée dans le discours des élèves.
3. Le discours sur les contacts avec les langues et cultures étrangères dans
l’espace extra-scolaire
Le discours sur les LVE proposées par l’institution scolaire gagne à être confronté aux segments
de discours qui porte sur les contacts avec les langues et les cultures étrangères en dehors du
milieu scolaire.
En partant du postulat qu’un apprentissage scolaire motivé des LVE est susceptible de
favoriser les contacts et les pratiques communicatives extra-scolaires, force est de reconnaître
que ceux-ci ne sont que rarement recherchés de façon délibérée par nos informateurs dont
on peut pourtant faire l’hypothèse qu’ils sont de «bons» élèves 14 . En effet, les contacts
inter-individuels qui conduiraient à la mise en œuvre d’une compétence plurilingue dans un
espace extra-scolaire et à une confrontation avec une autre réalité socio-culturelle et sociopolitique
constituent l’exception. Aussi bien pour l’allemand que pour l’anglais, les contacts
prolongés sont liés aux échanges et voyages scolaires que propose l’institution scolaire. Une
douzaine d’élèves dit avoir profi té de cette possibilité : huit d’entre eux sont allés dans un pays
anglophone et quatre ont fait un séjour prolongé en Allemagne. En d’autres termes, malgré
une mobilité géographique accrue, les initiatives d’ordre personnel (qui se traduiraient par des
séjours linguistiques extra-scolaires) restent exceptionnelles : elles ne concernent que deux
élèves sur vingt et peuvent être reliées à l’origine sociale des élèves, de sorte que les séjours
linguistiques semblent constituer un facteur de discrimination sociale.
La portée des contacts réguliers avec l’Allemagne que favorise la proximité géographique
doit être relativisée. Les élèves et leurs parents se rendent dans le pays voisin dans un but
utilitaire ou consommatoire. Il ressort du discours que ces contacts ponctuels, à l’inverse
des séjours prolongés, ne donne pas lieu à la perception d’une éventuelle altérité ; ils
contribuent, en revanche, à un effacement de la frontière. De plus, cette partie du discours
remet sérieusement en question l’idée d’une pratique linguistique effective que favoriserait la
proximité de l’Allemagne.
Finalement, la possible réception de l’allemand ou de l’anglais par le biais des médias audiovisuels
ne relève que rarement d’une volonté délibérée des informateurs. Le choix des stations
des radios allemandes et, plus particulièrement de Radio Regenbogen, relève le plus souvent
de l’initiative des parents, voire de celle des grands-parents. Les émissions télévisuelles de
langue allemande, très prisées par les ascendants, sont suivies de manière plutôt passive par
les adolescents. Cette forme de désintérêt peut vraisemblablement être reliée à l’intérêt
croissant que suscitent les nouveaux médias (la totalité des informateurs surfent régulièrement
14 Il convient de rappeler que les élèves ont été choisis par les principaux de collèges et / ou par les enseignants
d’allemand.
98
Multilingualism.indb 98 4-12-2006 12:25:52