Mehrsprachigkeit in Europa: Plurilinguismo in Europa ... - EURAC

Les processus de majoration de la langue nationale
Nous pensons par exemple aux modélisations de P. Blanchet qui propose de mesurer la vitalité
d’une langue (qu’il considère comme le résultat de processus de majoration et de minoration
affectant une langue) en prêtant simultanément attention à ses formes d’institutionnalisation
(« légitimation ou légalisation de cette langue en tant que telle par des institutions sociopolitiques
et leurs attributs médiatiques tels textes médiatiques, juridiques, enseignement,
dictionnaires, grammaires… »), aux pratiques et aux représentations sociolinguistiques (« l’idée
que les acteurs sociaux se font de ces pratiques parmi les autres », Blanchet 2005 :30). Ce
modèle constitue une forme d’évaluation, laissant une large part à l’analyse du discours.
4. Conclusion
Cette contribution a montré qu’on ne peut pas s’intéresser aux actions visant les langues
sans réfl échir à la notion même d’action. Les phénomènes que nous avons observés dans les
situations française et allemande ont permis d’une part de distinguer les actions des discours et
d’autre part de faire ressortir de manière contrastive des critères susceptibles de caractériser
les actions françaises et allemandes. La fi nalité d’une telle étude est de pouvoir établir à partir
d’un nombre d’actions plus important (englobant aussi les actions qui portent sur le corpus de
la langue nationale) une grille de lecture qui permettra de mieux comprendre les politiques
que mènent la France et l’Allemagne à l’égard de leur langue nationale. La grille de lecture
que nous envisageons devra, plus que cela n’a été fait dans cet exposé, tenir compte de la
dimension historique, du rapport à la nation et d’autres facteurs pouvant éclaircir sur les choix
politiques opérés et expliquer les différences.
D’autre part, si les processus de majoration sont sans doute lisibles à travers des actions
statiques, objectives, politiques (textes de loi), nous sommes confrontée à la diffi culté de
comparer des données différentes (l’Allemagne n’a pas doté sa langue d’une enveloppe juridique
comme l’a fait la France). Pour cette raison, nous plaidons ici pour une approche dynamique qui
vise à rendre compte des processus de majoration à travers l’analyse des discours produits par
les individus, qu’ils soient impliqués de près ou de loin dans les actions de politique linguistique,
qu’ils en soient les concepteurs ou les récepteurs. Les discours portés sur la langue nationale
mais aussi sur les autres langues permettront, nous semble-t-il, de mesurer les effets d’une
politique. Plusieurs analyses de discours déjà réalisées ou en cours (Blanchet, Huck 2005) vont
également dans ce sens. Elles montrent également que les discours sur la langue nationale
laissent entrevoir non seulement une majoration de celle-ci mais également une minoration
des autres langues. En d’autres termes, tout processus de majoration s’inscrit dans un jeu
dialectique où la majoration d’une langue implique souvent la minoration des autres langues.
Multilingualism.indb 433 4-12-2006 12:29:30
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