Mehrsprachigkeit in Europa: Plurilinguismo in Europa ... - EURAC

François-Xavier Bogatto, Elise Mercier, Arlette Bothorel-Witz
En raison de l’orientation sociolinguistique de nos recherches, nous avons opté pour une posture
épistémologique qui nous a conduit à considérer le milieu scolaire comme un espace plurilingue. En abordant
ainsi la problématique sous l’angle des contacts inter-linguistiques, nous avons été amenés à faire une place
particulière aux représentations que les locuteurs ont de leurs langues, des langues vivantes étrangères,
de l’apprentissage de ces langues, etc. Il existe, à l’heure actuelle, un large consensus3 pour admettre
que dans les situations de plurilinguisme complexe, «les représentations (…) sont une donnée essentielle,
toute aussi concrète que les pratiques verbales effectives elles-mêmes, au moins aussi agissantes que ces
pratiques et parfois (souvent ?) davantage (…)» (Blanchet, 2003 : 301)
La posture épistémologique retenue nous amène à formuler l’hypothèse que les représentations - qui
se construisent dans le discours - fonctionnent comme des indicateurs susceptibles d’apporter des éléments
d’appréciation plus ou moins explicites sur les différentes formes de motivation de l’apprentissage des
langues. Ce faisant, nous admettons avec Py4 que si les représentations ne sont pas le refl et de la réalité,
elles favorisent certains comportements et réciproquement.
1. Cadre méthodologique et théorique de l’analyse :
1.1. Les notions de représentations sociolinguistiques et d’attitudes
Telle que nous l’entendons, la notion de représentation est empruntée à la psychologie sociale
dont les travaux fondateurs 5 cherchent à rendre compte de la manière dont se construisent des
savoirs communs à propos d’objets sociaux et culturels.
Sans épuiser tous les traits de défi nition des représentations sociales, nous retenons,
dans notre optique disciplinaire, qu’elles sont «(…) une forme de connaissance, socialement
élaborée et partagée, ayant une visée pratique et concourant à la construction d’une réalité
commune à un ensemble social» (Jodelet, 1993 : 39). Cette modalité particulière de savoir
pratique se (re)construit et circule dans un espace social, dans des contextes (socio-politiques,
socio-culturels …) donnés qu’elle tend à rendre plus lisibles. Si la psychologie sociale met
surtout l’accent sur le caractère social, partagé de ce savoir pratique, celui-ci comporte aussi
des parts plus psychologiques qui sont déterminées par nos expériences, le vécu personnel
et par la manière dont l’individu intériorise et s’approprie ce savoir collectif. Au total, les
représentations se situent à l’interface du cognitif, du social et du psychologique.
En raison de l’approche structurale que retient la psychologie sociale, les représentations
sociales constituent «des systèmes d’interprétation qui régissent notre relation au monde et
aux autres, qui orientent et organisent nos conduites et les communications sociales» (Jodelet,
1989 :36). Les représentations déclenchent, en conséquence, des actions déterminées et/
ou des prises de position. Ces prises de position s’expriment à travers les informations, les
opinions, les croyances, les stéréotypes, les clichés, mais aussi à travers les attitudes que nous
considérons, en conséquence, comme l’une des formes d’expression (positive ou négative) du
système de représentations.
La représentation est représentation d’un objet (langues, apprentissage, bilinguisme, etc.).
Se représenter est, en conséquence, un acte de pensée par lequel le sujet se rapporte à un
objet et traduit sa relation symbolique à l’objet.
3 Cf. Blanchet (2003 : 301-302), in : Blanchet, de Robillard (2003), Matthey (1997).
4 Voir Py, in : Cavalli, Coletta, Gajo, Matthey, Serra (2003 : 20).
5 Cf. Moscovici (1961).
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Multilingualism.indb 90 4-12-2006 12:25:42