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TRONCIN Le redoublement

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- 157 -tel-00140531, version 1 - 6 Apr 2007élémentaire. Ainsi, le « petit Momo », dans le célèbre roman de GARY-AJAR 1 (1982),s’apercevant qu’il n’a pas l’âge qu’il aurait dû avoir et qu’il est trop vieux pour son âge, afini par renoncer à fréquenter une école qui, décidément, ne veut pas le reconnaître tel qu’ilest. Dans son réquisitoire sans nuance envers les professeurs de l’enseignementsecondaire 2 , RANJARD (2003, 96) souligne que le déni de toutes les acquisitions scolaireseffectuées (pendant l’année scolaire à l’issue de laquelle un <strong>redoublement</strong> sera prononcé)est un réel frein à la motivation d’apprendre. Il s’insurge contre cette décision tranchée etnous propose d’accompagner cet adolescent dans la construction d’un modèle réduit denavire ancien : « Parvenu au gréement, il est incapable de réaliser le haubanage des mâts.Quelqu’un lui fait remarquer qu’il a inversé le mât de misaine et le mât d’artimon. Quefait-il ? Il démonte les deux mâts, les remet en bonne place et continue. Notre systèmescolaire lui aurait dit : « Jette cette maquette à la poubelle, achètes-en une autre etrecommence tout. » Avec un tel système, l’adolescent abandonne les modèles réduits ets’installe devant la télé. »Cette onde de choc, créée par le <strong>redoublement</strong>, n’est toutefois pas circonscrite à la sphèreindividuelle du redoublant : sa famille, ses parents, ses frères et sœurs, ou ses prochespeuvent en être affectés. L’étude genevoise, précédemment citée, révèle que c’est uneexpérience 3 vécue difficilement et très difficilement par respectivement 31 % et 13 % desparents. Ces parents meurtris sont significativement plus circonspects du bien-fondé decette mesure que ceux qui déclarent l’avoir vécue sans trop de heurts. La plupart desparents, même ceux qui n’investissent pas intensément dans l’école, considèrent le<strong>redoublement</strong> de leur enfant comme un échec personnel dans leur tâche d’éducateurs.Même si peu de recherches récentes se sont centrées sur cette facette du <strong>redoublement</strong>,nous relevons dans la littérature quelques travaux, en particulier québécois (LAPORTE etalii, 1990 ; ROBITAILLE-GAGNON et JULIEN, 1994), qui abondent en ce sens.1 É. AJAR (Gary ROMAIN), (Paris : Gallimard, 1982) 273.2 Cet auteur soupçonne une pratique réfléchie du <strong>redoublement</strong> dans la perspective d’une gestion anticipéedes effectifs des élèves au sein des collèges, effectifs qui conditionnent les postes d’enseignement attribués.À ce titre, il considère que l’administration donne une prime à l’établissement qui fait redoubler.3 Cette expérience peut ne pas avoir été vécue récemment : parmi les quarante-cinq parents d’enfants inscritsen première année secondaire, la moitié a vécu le <strong>redoublement</strong> depuis moins de deux ans tandis que l’autremoitié l’a vécu depuis quatre ou cinq ans.

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