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TRONCIN Le redoublement

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- 22 -tel-00140531, version 1 - 6 Apr 2007Si ce fait scolaire est étonnant aux yeux de bon nombre d’observateurs éclairés de l’École,le mot lui-même, <strong>redoublement</strong>, n’est pas exempt de singularité. Ce terme n’est par ailleurspas le seul, dans la littérature et dans les discours, à témoigner de cette question de larépétition d’une année scolaire : doublement, doubleur ou doublant sont autant de vocablesutilisés dans plusieurs pays ou régions francophones tels que la Belgique, la Suisse ou leQuébec. Ces mots exotiques pour les acteurs de notre système éducatif français sontcependant plus fidèles au sens étymologique, duplare (latin) et dobler (XII e ) signifiant« rendre double, multiplier par deux 1 ». Ainsi, le doubleur n'est pas cet élève qui doubleses pairs sur le chemin des apprentissages et qui postule à un enseignement de niveausupérieur mais bien celui à qui est proposé une seconde fois le même menu pédagogique.Nous pouvons considérer l’usage de ce préfixe « re » (-doubler, -doublant(e),-doublement) comme une marque d'insistance pour souligner combien cette action estpénalisante en tant que perte d'une année. <strong>Le</strong>s plus ardents adversaires de la mesure du« re-doublement » pensent que cette particule a pour but de persuader les élèves et leursparents que l'École leur a donné une chance et que, s'ils échouent, ils ne pourront « s'enprendre qu'à eux-mêmes ». Quant à ses partisans les plus farouches, ils considèrent que cedébat n’a plus lieu d’être puisque depuis la promulgation de la Loi d’Orientation de 1989instaurant les cycles d’enseignement à l’école primaire, les maintiens ont pris le pas sur les<strong>redoublement</strong>s, tout en les enrichissant. Cependant, cette substitution, outre le fait qu’elleest peu mise en application, d’une part recèle une subtilité langagière la plupart du tempsétrangère aux acteurs les plus directement concernés, les élèves et leurs familles et, d’autrepart, sous-tend un arrêt forcé dans la progression scolaire, non pas par contention physique,mais par décision administrative. Ces précisions étant données, notre réflexion sur le<strong>redoublement</strong> rendra compte de cette diversité linguistique en ne prohibant aucun destermes précités, tout en préconisant de « redoubler de vigilance » lorsqu'une décision demaintien est en jeu. Il s'agit, vous l'avez compris, de faire perdre au <strong>redoublement</strong> sesarguments à décharge et de le dépouiller d'une légitimité qui plonge ses racines dans untissu de croyances et de certitudes.1 Grand Larousse de la langue française, édition 1972, tome 2, p. 1404.

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