21093 T4.pdf

— LIVRE IV. INDUSTRIE. 263
Qu'importe aux riches métayers de Tïhnaïn la présence
de bijoutiers parmi eux?
On remarquera sans doute ces différences dans la
condition des Israélites chez les différents peuples de
l'Algérie. Tolérés dédaigneusement par les pasteurs
arabes, accueillis ou repoussés parles Kabiles, suivant
la profession qu'ils exercent, et suivant le danger delà
concurrence; accueillis par les jardiniers^ repoussés
par les artisans et les marchands, les Juifs fournissent,
dans ces vicissitude^ de leur destinée, la mesure assez
exacte du fanatisme kabile , fanatisme d'atelier et de
boutique,
qui se sert de la religion comme d'un pré
texte, mais qui, en réalité, pèse touf, la religion elle-
même, dans la balance des intérêts matériels.
Bevenons à l'industrie des métaux.
Les trois professions exercées par les Kabiles sont
celles de forgeron, d'armurier et d'orfèvre. Les simples
ateliers de forgeron se renferment exclusivement dans
la fabrication et la réparation des instruments aratoires.
Ils tirent la plus grande partie de leur fer de la tribu
des Beni-Slîmân,
canton du Kendirou. Mais les armu
riers ont besoin des fers d'Europe,
■*
qui sont d'une
qualité bien supérieure, et les font venir de Tunis,
quand ils ne peuvent pas les obtenir en fraude de Cons
tantine ou d'Alger.
Le forgeron joue un grand rôle dans les habitudes
de la tribu kabile , puisque c'est chez lui qu'il faut por
ter les pioches, les faucilles, les socs de charrue pour
les faire réparer. Si la forge est éloignée, le déplace-