21093 T4.pdf

32 ETUDES SUR LA KABILIE.
hardit, descend des montagnes, sort des déserts, et
recouvre peu à peu, sur les conquérants affaiblis, le
terrain qu'elle leur avait cédé à regret.
Tout le règne des dynasties berbères en Afrique fut,
pour l'élément qu'elles représentaient, une longue pé
riode de restauration. Mais , pour ne parler que de
l'époque présente, à peine la domination turque avait-
elle cessé d'exister que déjà, sur plusieurs points,
l'élément kabile s'agitait pour reprendre aux Arabes
une partie de son domaine : les Chaouïa de l'Aurès
commençaient à empiéter sur le territoire des Akhdar-
el-H'alfaoui , tribu arabe située à leurs pieds; les Ka
biles du Jurjura ressaisissaient la vallée de l'Amraoua,
après avoir déjà, quelques années avant, reconquis celle
de Bou-R'ni. Les Berbères du Maroc s'emparaient de
la ville de Bou-Semr'dun , et, aujourd'hui que le trône
d'Abd-er-Rah'mân chancelle, c'est au Nord-Ouest, vers
la capitale de l'empire, qu'ils étendent déjà leurs en
vahissements.
Comment expliquer une telle puissance de végéta
tion autrement que par l'influence du sol natal? Et
comment concevoir l'existence de cet élément vivace
qui surnage au-dessus de tous les cataclysmes, qui ré
siste à tous les ravages, qui survit à toutes les atteintes,
si nous ne reconnaissons pas en lui l'élément aborigène
de la population?
Qu'on se représente un immense archipel : au Nord,
des îles escarpées et verdoyantes; au Sud, des îles plates
et sablonneuses; à de longs intervalles, la mer qui les