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22 ETUDES SUR LA KABIL1E.
le Phénicien conquérant et le Libyen conquis. Il est
difficile de regarder comme ennemis des peuples qui
consentent à partager la même couche funéraire. Le
territoire de Guelma paraît donc avoir été déjà, dans
les temps reculés, ce que nous le voyons aujourd'hui,
l'anneau d'alliance entre deux nationalités rivales, qui
partout ailleurs se méprisent et se détestent; ce n'est
plus le Phénicien et le Libyen, c'est l'Arabe et le Ber
bère qui viennent se tendre la main dans cette belle
vallée, demeurée bilingue comme autrefois,
et déposer
aux pieds de l'autorité française une antipathie instinc
tive et de vieilles rancunes.
L'analyse comparative des deux inscriptions gravées
sur la pierre de Dugga permit de déterminer la forme
et la valeur de la plupart des caractères inconnus et
fournit l'ébauche d'un alphabet qu'il était naturel d'at
tribuer à la langue libyque. Existait-il quelque rapport
entre cet idiome -africain des premiers âges et l'idiome
africain de nos jours? C'est ce qu'il était encore im
possible de constater ; car partout la langue berbère
paraissait bornée à l'usage exclusif des caractères arabes;
nulle part elle ne produisait des signes qui lui fussent
propres.
Les choses en étaient là, lorsqu'une double lueur,
partie des profondeurs du désert, vint dissiper les ténè
bres de la science et révéler un phénomène historique
des plus curieux.
Le 17 juin 1822 un voyageur anglais, Walter Oud-
ney, étant à Djerma, l'ancienne capitale des Garamantes,