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468 ETUDES SUR LA KABILIE.
Mais les recouvrements ne se faisaient qu'avec peine;
il fallait toujours en venir aux menaces; quelquefois
même le temps de la moisson arrivait sans que la con
tribution fût intégralement rentrée. Que faisait alors le
k'âïd? 11 sortait à l'improviste de sa petite forteresse,
parcourait rapidement la plaine avec ses cavaliers , et
saisissait tous les Kabiles occupés à faire la moisson.
Les parents ne manquaient pas de venir les racheter :
c'est par ce procédé administratif que le fisc retrouvait
à peu près son compte:
Au reste, l'autorité du k'âïd fut toujours chancelante.
Dans l'origine, les beys de l'Est avaient reçu l'ordre de
passer par la vallée de Bou-R'ni, lorsqu'ils se rendaient
annuellement à Alger,
afin de faire voir de temps en
temps aux Kabiles un certain déploiement de forces, et
de les maintenir dans l'obéissance. Mais un.jour, pen
dant l'absence du k'âïd , les montagnards attaquèrent le
fort et s'en rendirent maîtres. A partir de ce moment,
les beys de Constantine cessèrent de suivre cette route,
et vinrent par l'Ouad-Keddâra et le pont de Ben-Hini,
ce qui est la route actuelle.
Le fort fut détruit par les Kabiles, et demeura en
ruines jusqu'à l'époque où Iah'ia-Ar'a, l'un des plus
illustres généraux de la régence , moins connu toutefois
par ses victoires que par sa défaite dans ces mêmes
montagnes, releva le poste de Bou-R'ni, et y envoya
une garnison. Cet état de choses dura jusqu'à la prise
d'Alger par les Français. Alors les Kabiles s'en empa
rèrent de nouveau et défoncèrent les terrasses.