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— LIVRE L DENOMINATIONS. 61
La séparation, ainsi que les noms l'indiquent, existait
surtout dans le langage ; mais elle s'étendait aussi ,
comme nous le savons tous , aux besoins et aux intérêts ,
aux idées et aux passions, aux mœurs et aux habitudes,
enfin à toutes les impressions de la vie commune. La
langue d'oc avait son génie , la langue d'oil avait le
sien.
Au-dessous de cette division fondamentale s'établit,
dès l'origine de la monarchie, une autre division con
forme à l'esprit féodal de ces premiers âges. L'espace
occupé par les deux langues rivales se trouva partagé
en duchés, comtés, vicomtes, évêchés, qui donnèrent
naissance à autant de petites nationalités passionnées
et jalouses. La persévérance séculaire de nos rois par
vint, il est vrai, à faire rentrer peu à- peu sous une
loi commune toutes les cases disparates de ce vaste
échiquier, et à transformer en provinces d'un même
empire cette multitude de peuples et d'états. Mais les
petites nationalités , que le morcellement originel du sol
avait successivement fait éclore,
résistèrent à la grande
transformation qui les réunissait toutes sous le même
sceptre, et, à l'époque même où la chute des dernières
tourelles féodales avait entièrement démasqué le vaste
édifice de la monarchie, elles apparaissaient encore
comme autant de taches sur la façade, et elles persis
tèrent jusqu'au moment où. le balai de la révolution
française vint les couvrir d'une couche uniforme et
générale .
Il y eut donc en France , jusqu'à une époque très-