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296 ÉTUDES SUR LA KABILIE.
C'est là qu'au sortir des fourneaux une partie du mé
tal est mise en œuvre par huit ateliers de forgerons,
occupés incessamment à fabriquer des pioches ,
socs de charrues et autres instruments d'agriculture.
des
Dans le Kendirou, le minerai est extrait au pic à roc
et à la masse , et traité dans des fourneaux à la catalane.
Mais le fer est d'une qualité inférieure et ne peut être
employé qu'à des ouvrages grossiers. Pour les objets
délicats, tels que les platines de fusil, les Kabiles n'em
ploient que le fer d'Europe. Nous avons dit déjà com
ment ils se le procurent: ils le tirent de Tunis, de
Constantine et d'Alger;
mais il est une autre source
d'approvisionnement dont nous n'avons pas parlé en
core, et qui mérite pourtant une mention particulière.
Une partie du fer destiné aux ouvrages fins provient
des navires jetés à la côte. A peine un sinistre est-il si
gnalé que les Kabiles accourent en foule sur le rivage;
ils se disputent les dépouilles des naufragés; ils dé
pècent le navire, dont ils recueillent surtout,
avec un
soin minutieux, toutes les ferrures, et elles alimentent
pour un temps quelques-unes de leurs forges. Au reste,
c'est un fer de choix qui se vend fort cher. Heureux
celui à qui l'épave échoit en partage !
On se rappelle l'effroyable tempête qui, en 18A0,
couvrit de débris toute la côte barbaresque, et causa par
ticulièrement la perte de la gabare de l'État la Marne,
mouillée dans le port de Stôra. Elle jeta plusieurs navires
sur la côte des Beni-Mîmoun,
qui trouvèrent dans ce
tribut de la mer une source abondante de bénéfices.