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— LIVRE L DENOMINATIONS. 67
une calamité commune , comme l'irruption des saute
relles sur leurs moissons.
Tels ne sont pas les signes caractéristiques de la na
tionalité. Deux circonstances nous paraissent concourir
à la former; deux circonstances déterminent, dans notre
esprit, l'idée que nous attachons au mot peuple :
La communauté de nom et la solidarité d'intérêts.
La communauté de nom,
qui fait dire à certaines
époques, -je suis Castillan, je suis Provençal, et, à
d'autres époques, «je suis Espagnol, je suis Français; »
La solidarité d'intérêts,
qui réunit les hommes au
tour de la même autorité et de la même bannière, qui,
en présence de la domination étrangère; rallie tous- les
individus d'un même territoire à la même pensée,
leur inspire des résolutions communes , leur fait prendre
les armes ou les déposer ensemble.
Quand ces conditions se trouvent réunies dans une
des innombrables tribus humaines, cette tribu, quelque
grande qu'elle soit , constitue à elle seule un peuple
unique.
Mais quand des tribus voisines s'appellent Espagne ou
France , H'arakta ou Telar'ma , et que , au-dessus de cette
dénomination, il n'en existe pas d'autre qui leur soit
commune , quand ces deux tribus reconnaissent une au
torité et suivent une bannière différentes;
quand l'une
d'elles prête , sans scrupule , son assistance contre l'autre
à l'invasion étrangère , alors , dans ces deux tribus , si pe
tites qu'elles soient, nous voyons des peuples distincts.
Il est triste de dire que ces caractères se rencontrent