21093 T4.pdf

— LIVRE VI. POPULATION. 461
deux jours, jusqu'à ce qu'enfin le gouverneur ne pou
vant tenir plus longtemps, la rendit aux Turcs sous
la condition qu'on laisserait libres toutes les personnes
qu'elle contenait et qu'on leur fournirait les moyens de
retourner en Espagne. Le Turc promit, mais, une fois
maître de la place, il fit tout esclave, à l'exception du
gouverneur et de vingt hommes à son choix. En arri
vant en Espagne, don Alphonse de Peralte fut mis en
jugement et condamné à mort. Il eut la tête tranchée
sur la place de Valladolid.
Les tribus voisines de Bougie ne se montrèrent pas
plus favorables aux nouveaux maîtres de cette ville
qu'elles ne l'avaient été aux anciens. A la tête des mé
contents figurait, comme aujourd'hui, la tribu des Beni-
'Abd-el-Djebbar. j Ils ont guerre avec les Turcs, dit
Marmol, et fournissent à tout,
parce qu'ils ont force
troupes bien armées et que les avenues de la montagne
sont si difficiles qu'on n'y peut monter.
Puis il ajoute ces lignes qui résument toute l'his
toire de l'occupation espagnole : « Lorsque Bougie était
aux chrétiens, la garnison courait quelquefois cette
montagne;
mais elle n'arrivait que sur la côte ou dans
la plaine , où il avait quelques villages « qu'elle pouvait
y
piller;
» ce qui se faisait avec tant de vitesse qu'elle était
de retour avant que ceux de la montagne en fussent
avertis,
parce qu'en quatre heures ils mettent sur pied
cinq mille hommes de combat, et « quelquefois ils ont
un peu précipité la retraite des chrétiens. »
Ainsi des trois principautés ou confédérations qui ,