21093 T4.pdf

nos pères,
LIVRE L— DENOMINATIONS. 65
puisque alors à l'idée de province corres
pondait une nationalité distincte.
Mais il faut se souvenir que jadis, en France, on ne
se disait pas Provençal parce qu'on appartenait au gou
vernement dé Provence , mais parce que le gouverne
ment de Provence avait eu la sagesse de se renfer
mer dans les limites de l'ancien comté. C'est un grand
bonheur pour les conquérants lorsqu'ils peuvent faire
concorder leurs divisions politiques avec les tradi
tions et les dénominations populaires qu'ils trouvent
établies. -Ainsi, pas de nom qui corresponde à l'idée
de royaume , pas de nom qui corresponde à l'idée de
province.
C'est que la division territoriale établie par les Turcs,
et dont nous n'avons accepté l'héritage que sous béné
fice d'inventaire , ne concorde ni avec la division sociale
correspondant à la langue d'oil et à la langue d'oc , ni
avec la division politique correspondant aux duchés,
comtés, vicomtes, évêchés , les deux seules divisions
que la sanction populaire ait consacrées.
L'espace occupé par une seule des deux langues dé
passe , dans tous les sens , le champ de notre dénomi
nation , et l'espacé occupé par la plus grande des prin
cipautés indigènes forme à peine la dixième partie d'une
de nos provinces.
Puisque les divisions établies par. les deux derniers
gouvernements ont passé sur les indigènes sans laisser
de trace ni dans leurs habitudes, ni dans leur langage,
quels sont donc , en Algérie , les duchés , les comtés ,