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— LIVRE L DENOMINATIONS. 81
Dans la régence de Tunis, les qualifications de sidi et
de si ne paraissent que dans les désignations écrites ;
elles ont, en quelque sorte, un cours légal. Mais, dans
la conversation et dans les relations de politesse, l'u
sage a fait prévaloir un autre terme ;
c'est celui de
'arfi. Les Tunisiens disent habituellement ia-'arfi,
comme on dit ailleurs ia-sidi. 'Arfi vient du mot 'aref
(savoir) ; il peut donc se traduire par mon maître, en
prenant ce mot dans le sens doctoral.
Dans l'empire de Maroc, la qualification en vogue
est celle de moulai. I représenté toujours l'aflixe pos
sessif; moula signifie maître,
possession 1
mais dans le sens de la
Chez les Arabes, le mot mal, d'où dérive moula,
exprime surtout la richesse agricole,
melk la richesse
territoriale et, enfin, rezk exprime la richesse générale,
l'abondance de toutes choses.
On voit donc que la qualification honorifique con
sacrée dans les trois états barbaresques répond à trois
ordres différents de supériorité. En Algérie , il corres
pond à la puissance; dans la régence de Tunis, à la
science; dans l'empire de Maroc, à la richesse. Sans
prétendre attacher un sens trop absolu à ces désigna
tions et au rapprochement que nous établissons entre
elles, rapprochement auquel on ne prêtera, si l'on veut,
qu'une . valeur mnémonique,
nous devons cependant
faire remarquer que ces désignations ne peuvent s'éta-
Moulaï-'Abd-er-Bah'mân,
qui est le nom de l'empereur de
Maroc, signifie donc littéralement : «mon maître Abd-er-Bah'mân. »
i. n