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26 ETUDES SUR LA KABILIE.
conséquent traversé dix-huit fois le pays des Touareg,
qui paraissaient les seuls dépositaires du secret de l'é
criture africaine. M. Boissonnet questionna son hôte
sur les signes du langage targui et le pria de lui tracer
ceux qu'il connaissait. Il obtint ainsi un premier spé
cimen de l'alphabet berbère , en usage à trois cents lieues
de la contrée où, vingt -trois ans auparavant, Walter
Oudney
avait recueilli le sien.
Frappé de la ressemblance de ces caractères avec
ceux de l'inscription antique de Dugga, M. Boisson-
net voulut en savoir davantage. Il pria son informateur
d'entreprendre une dix -
neuvième fois le voyage de
Timbektou, le chargeant de toutes les missions poli
tiques et commerciales que les circonstances compor
taient, et lui recommandant, par-dessus tout, de rap
porter l'alphabet complet. Malheureusement, à cette
époque les Cha'amba et les Touareg se livraient des
combats à outrance dans les grandes solitudes com
prises entre l'Algérie et le Soudan. Cet état d'hostilité
empêcha le tâleb d'exécuter son voyage. Mais il écrivit
à l'un de ses parents fixé au Touât , pour lui demander
le précieux alphabet. Il choisit pour messager un ma
rabout qui , en cette qualité , pouvait circuler sans dan
ger entre les tribus ennemies. Il ne tarda pas à recevoir
la réponse et la transmit aussitôt à Constantine. Une
fois en possession de ce renseignement tant désiré,
M. le capitaine Boissonnet s'empressa de le faire litho-
graphier et y joignit les premiers caractères tracés de
mémoire par le tâleb. C'est ainsi que deux nouveaux