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— LIVRE VI. POPULATION. 455
Encouragé et encombré peut-être par le succès, Bar
berousse forma le projet de s'emparer d'un port où il
pût mettre en sûreté le produit de ses brigandages.
C'est sur Bougie qu'il jeta les yeux. Cette ville était
alors au pouvoir des Espagnols : à la faveur du prétexte
de guerre sainte qu'il pouvait invoquer, il. trouva de
l'appui parmi les Arabes et les Berbères,
et c'est avec
eux qu'en 1 5 1 1\ il attaqua Bougie par terre et par mer.
Mais la garnison espagnole se défendit vaillamment.
Barberousse eut un bras emporté par un boulet et fut
contraint de lever le siège.
Alors seulement il tourna ses regards vers Alger.
Cette ville était gouvernée par un cheikh berbère ap
pelé Sélim-ben-Toumi , allié à la famille suzeraine de la
principauté de Koukô. Plusieurs fois il avait donné
asile à Barberousse; mais ayant eu vent que, pour prix
de ce service, Barberousse voulait le faire assassiner et
se mettre en sa place, il sortit d'Alger et se réfugia
dans la Metidja, chez des amis puissants. Barberousse,
qui était alors dans cette ville , écrivit à Sélim pour l'en
gager à y revenir,
tandis que lui-même allait courir
les mers de la chrétienté; il assurait qu'il n'était pas
venu pour faire la guerre aux mahométans,
mais aux
chrétiens, et il lui promettait de le maintenir dans son
état et d'augmenter sa puissance. Il fit porter sa> lettre
par un tâleb chargé de renouveler de vive voix à Sélim
l'assurance qu'il n'avait rien à craindre. Confiant dans
là sincérité de ces protestations, Sélim revint à Alger.
Mais à peine fut-il arrivé que Barberousse le fit étran-