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70 ETUDES SUR LA KABILIE.
tantôt une petite fraction de tribu, dans lesquels vit
encore uni au sentiment national, le souvenir des gran
deurs d'autrefois.
L'habitude de rattacher à un nom propre tous les
intérêts, toutes les affections et toutes les traditions de
la cité, la certitude de conserver cette constitution pa
tronymique sur quelque plage que le vent les pousse,
contribuent à expliquer la facilité de déplacement des
populations arabes.
A leurs yeux, en effet, l'émigration est loin d'avoir
le caractère pénible que lui prête chez nous l'amour du
clocher. La tribu est à peu près pour eux-
ce que le
régiment est pour les militaires, ce que le navire est
pour les marins,
une cité mobile. Aussi quand le vent
de l'invasion souffle de leur côté et. les menace d'un
danger sérieux, ils n'hésitent pas, ploient leurs tentes,
chargent la patrie sur des chameaux, l'emportent avec
eux , et vont implanter ailleurs leur nationalité patriar
cale, dans laquelle se confondent l'amour de la famille
et celui de la patrie.
Dans les dénominations berbères le familisme occupe
une place beaucoup moins large. C'est au sol surtout
que paraît se rattacher l'idée de patrie, l'idée de cité.
En cela, comme en bien d'autres points, d'ailleurs, les
Berbères se rapprochent plus de nous que les Arabes.
Si l'étymologie territoriale reste souvent douteuse, du
moins n'y retrouve-t-on pas ce cachet patriarcal qui
répand tant de monotonie sur la nomenclature ethno
graphique des Arabes.