18.11.2013 Views

1959 - Université Libre de Bruxelles

1959 - Université Libre de Bruxelles

1959 - Université Libre de Bruxelles

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

112 G. A. BRUNET<br />

dré par la science. Les innombrables objets créés par l'industrie,<br />

·produits plus rapi<strong>de</strong>ment que les moyens <strong>de</strong> paiement<br />

n'en permettent la résorption, obligent au renouvellement<br />

continu <strong>de</strong> leurs formes ou <strong>de</strong> leur présentation. Il est permis<br />

<strong>de</strong> supposer que par une contagion parfois bienfaisante l'artiste<br />

cherche à se renouveler sans cesse. Dans la mesure où<br />

cette évolution est spontanée, on ne peut y trouver à redire.<br />

Chacun d'entre nous évolue selon ses expériences et le milieu<br />

où il vit. Ce que l'on peut souhaiter cependant, c'est que<br />

la propagan<strong>de</strong> et l'intimidation, en affirmant <strong>de</strong>s choses contestables,<br />

n'induisent pas l'artiste à un surcroît d'inquiétu<strong>de</strong>.<br />

L'art est un langage qui ne communique son émotion que<br />

dans la mesure où il est intelligible, faute <strong>de</strong> quoi il s'apparente<br />

singulièrement aux exercices <strong>de</strong> glossolalie pratiqués<br />

dans l'Eglise primitive et dont seul le Saint-Esprit connaissait<br />

la clé.<br />

Les sophismes dont nous avons cité <strong>de</strong>s exemples ne<br />

satisfont pas l'enten<strong>de</strong>ment et ne communiquent pas l'émotion.<br />

Ils terrorisent. Par hasard peut-être. Il faut faire assez<br />

<strong>de</strong> crédit moral à ceux qui les profèrent pour admettre leur<br />

bonne foi. L'œuvre d'art, il est vrai, est une marchandise avec<br />

ses commerçants, leurs stocks, et leurs clients. Interdisonsnous<br />

toutefois <strong>de</strong> voir une collusion dans une affaire où la<br />

plume <strong>de</strong>s uns ne coïnci<strong>de</strong> avec l'intérêt <strong>de</strong>s autres que d'une<br />

manière fortuite.<br />

En effet, la passion en ce domaine prime l'intérêt, car<br />

elle est plus impérieuse encore. Les hommes se sont entretués<br />

pour ce qu'ils ont cru être le vrai et le bien. S'ils se sont<br />

moins entretués pour défendre le beau, c'est sans doute parce<br />

que le beau n'est pas un souci majeur. Seuls les artistes y<br />

engagent toute leur vie, le plus souvent pour la perdre. De<br />

l'interlocuteur habile à défendre <strong>de</strong>s paradoxes avec quelque<br />

brio, on n'est pas surpris qu'il parle avec véhémence d'une<br />

question dont il se moque. Une autre l'aura bientôt remplacée<br />

et seul lui importe le scintillement <strong>de</strong> son esprit. Mais <strong>de</strong><br />

l'artiste qui peine obscurément pour créer son « message »,<br />

qui le montre à un public <strong>de</strong>venu indifférent par lassitu<strong>de</strong>,<br />

<strong>de</strong> l'artiste à qui ne profite pas la publicité faite à quelques<br />

rares signat.ures, on se <strong>de</strong>man<strong>de</strong> pourquoi il persévérerait<br />

dans une voie qui n'ouvre à sa renommée qu'une issue incer-

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!