1959 - Université Libre de Bruxelles

330 BIBLIOGRAPHIE
seur a adapté au traitement des problèmes de sa philosophie. Mais
Mme Kanthack s'inspire aussi des réflexions de Sartre, notamment dans
L'Etre et le Néant, au point de consacrer deux courts chapitres à l'examen
de son attitude dans les questions qui l'occupent.
Celles-ci se ramènent, comme l'indique le titre du livre, à une critique
approfondie de la célèbre formule gnomique du « Connais-toi toimême».
L'introduction se subdivise en deux parties très inégales dont
l'une examine la validité et la possibilité d'une connaissance de soimême,
et l'autre, beaucoup plus étendue, s'intitule Die Frage nach dem
Sinn des menschlichen Seins : la métaphysique et la psychologie y sont
tour à tour invoquées pour montrer les difficultés d'application de la
célèbre formule, et toutes les chances que l'on a d'aboutir, au lieu d'une
« Selbsterkenntnis », à une « Selbsttauschung ».
La partie principale (Hauptteil) est divisée en deux chapitres étendus
dont le premier montre les aspects possibles du Mitsein heideggerien,
et conclut à deux formes importantes sous lesquelles' le prochain peut
intervenir pour polariser nos attitudes : il peut s'incarner en une présence
« figée» (erstarrt) ou vivante (lebendig). C'est sous cette dernière
forme surtout qu'il convient - conformément à une disposition existentielle
- de concevoir la compréhension des Autres (Fremdverstehen).
C'est aussi dans ce chapitre que nous arrivons à l'apport le plus positif
de ce livre. Il s'y trouve notamment une étude pleine d'inspiration sur la
saisie de l'Etre dans le contact de l'homme avec la Nature. En voici une
phrase, dont la richesse potentielle fera sentir de quelle façon l'auteur,
dans le développement de cette étude, fait apparaître la Nature comme
une sorte de commentaire cosmique de nos états intérieurs: « Die Weise,
wie die Natur « Isolierung » anbietet, kann nur von ihr selbst entgegengenommen
werden. Sie ist da aIs Durchsichtigkeit und Trost, aIs stille
Klarheit. Jeder ErkIarungs- und Begründungswille kann hier nur
verdunkeln. » Mme Kanthack parvient cependant, sans l'obscurcir, à évoquer
dans plus d'un exemple particulier, le caractère impérieux que peut
revêtir cette disposition de la Nature.
Comme c'est aussi le cas chez Heidegger, le vocabulaire lui-même
est ici un obstacle, ou plutôt un sujet de réflexion pour le lecteur, surtout
pour le lecteur non allemand. Non seu]ement les termes forgés sont
souvent nouveaux, mais il y a encore plusieurs moyens acce-ssoires -
mais fréquents - de différencier les significations 1° en mettant le mot
entre guillemets, 20 en l'écrivant en italiques, 3° en le subdivisant au
moyen de tirets. C'est ainsi qu'on aura par exemple: 1° Ursprung;
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