1959 - Université Libre de Bruxelles

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subi l'influence de Schelling CO). La volonté négatrice ne peut
viser un monde homogène, elle désagrège mais non sans méthode,
tendant au contraire à un certain ordre, créant une
hiérarchie; c'est pourquoi elle est volonté de puissance. Il
faut se garder de confondre celle-ci avec le goût de la domination.
La volonté de puissance reste avant tout révolte. Nietzsche
ne souhaite pas une hiérarchie figée, ni un système de castes;
c'eût été retomber dans l'illusion religieuse. La volonté de puissance
est une victoire sur le nihilisme qu'avait déterminé la
conscience de la mort de Dieu, et qui marque encore en
partie le stade de la longue patience. Une prise de conscience
radicale coïncide avec la mort de Dieu; elle s'affirme par une
volonté qui est négation. Remplacer une convention par une
autre, une bourgeoisie par une autre, serait ressusciter Dieu:
La volonté authentique est un non-conformisme absolu qui'
projette l'individu en dehors et au delà de lui-même, au-dessus
du traintrain quotidien. La grande patience n'est authentique
que dans la révolte, qui se dresse contre toute autorité, même
la sienne propre. Il en résulte une vie de danger, une vie dangereuse.
Nietzsche s'est insurgé contre l'Etat, l'Eglise, tous les
partis et chapelles. Attitude comparable à celle des surréalistes
et de leurs précurseurs (Lautréamont, Rimbaud, Vaché, Apollinaire
et Breton lui-même). Ainsi, il le savait fort bien,
Nietzsche posait l'exigence d'une « élite» mais nullement d'une
caste. « Die Nivellierung der Menschheit, groBe Ameisenhaufen
usw. Die andere Bewegung, meine Bewegung : ist umgekehrt
die Verscharfung aller Gegensatze und Klüfte, Beseitigung
der Gleichheit, das Schaffen Über-Machtiger. Jene erzeugt
den lelzten Menschen, meine Bewegung den Übermenschen.
Es ist durchaus nicht das Ziel, die letzteren aIs die Herren der
Ersteren aufzufassen, sondern : es sollen zwei Arten nebeneinander
bestehen, mogHchst getrennt, die eine wie die epikurischen
G6tter sich um die anderen nicht kümmerend » (21).
C'est pourquoi le système de castes que voulaient instaurer les
C~O) Cf. Kuno FISCHER, Geschichte der neueren Philosophie, Heidelberg,
1877, VI, Buch Il; cf. également H. ZELTNER, Sthelling, Stuttgart,
Frommann, 1954, p. 256.
(21) Werke, XIV, p. 262. Zarathustra, III, Von alten und neuen
Tajeln, 11. « Darum, 0 meine Brüder, bedarf es eines neuen Adels, der
allem Pobel und allem Gewalt-Herrischen Widersacher ist...
)) ... Das eben ist Gottlichkeit, daB es Gotter,' aber keinen Gott
gibt. ))
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