1959 - Université Libre de Bruxelles

216 M. POL BURNIAT
très sévère; lorsque ce professeur a des enfants dans les années d' ét udes
d'athénée, il est beaucoup moins sévère et j'ai pu constater, en entendant
parler M. Godeau, que lorsqu'il est devenu grand-père, il est encore
moins exigeant pour l'apport des étudiants au sein des universités. Il
est évident que nous devons faire très attention: nos professeurs sont
très individualistes; il est presque impossible de convaincre un professeur
d'admettre un collègue dans un de ses cours. Or, il ne suffit pas de
communiquer en dehors du laboratoire. Quand au contraire on assiste
ft une leçon d'un collègue du même âge ou même plus jeune, on peut
toujours y apprendre beaucoup. Nos professeurs sont trop seuls; ils ne
profitent pas suffisamment des possibilités que leur offre leur ambiance
et je me suis souvent demandé si réellement il était absolument nécessaire
d'adjoindre l'agrégation à la licence. Je crois personnellement qu'il
serait beaucoup plus intéressant que le Ministère de l'Instruction
Publique engage pour son enseignement des licenciés, qu'il les paie
comme des maîtres d'études licenciés et qu'à ce moment-là, il leur fasse
faire l'agrégation parce que pour beaucoup de nos étudiants de seconde
licence, cette agrégation est quelques chose d'absolument secondaire.
Ils assistent à une, deux ou trois leçons dans un athénée dans des conditions
complètement différentes de celles auxquelles ils auront à faire
face. La question des disciplines ne se présente pas parce que le professeur
titulaire est là, leur mentor est là et qui sais-je encore ~ Ensuite,
ces stages se font dans des villes universitaires et je vous assure que les
élèves, le niveau des élèves, le comportement sous différents aspects n'est
pas le même à Bruxelles que dans une toute petite ville de province.
Je crois d'ailleurs que toute cette agrégation devrait être revue. Comme
l'a dit M. Festraets, je crois qu'il est absolument nécessaire de donner
dans cette agrégation un cours d'histoire de la matliématique; pas un
cours d'histoire qui se résume à énumérer des faits; pas un cours
d'histoire où l'on vous dise par exemple: les Bulgares ont connu dans
le temps un calcul digital sans que le professeur puisse expliquer ce
qu'est ce calcul digital; histoire vue surtout dans l'évolution de la pemée
scientifique. Je crois qu'il est de tradition dans nos universités de faire
suivre le cours de logique qui est donné aux étudiants avec ceux de
philologie. Je crois qu'il faudrait donner ces cours séparément parce
que le but de l'enseignement de la logique pour les mathématiciens
est complètement différent de celui de la logique pour les philologues.
Et pour finir, j'oserai dire ceci : que je n'imagine pas qu'on puisse
clonner une agrégation convenable sans qu'on fasse suivre aux étudiants
un cours - ne vous étonnez pas - un cours d'art dramatique! parce
que le professeur qui se trouve devant son auditoire, devant ses jeunes
élèves doit pouvoir jouer la comédie, - la comédie honnête bien enIendu.
Si nous appliquons la théorie de la redécouverte, je ne puis pas m'imaginer
que l'on se trouve devant ses élèves en train de redécouuir l'une
ou l'autre histoire et de se trouver là sans pouvoir s'enthousiasmer
comme il faut. Nous savons très bien que quand nous enseignons depuis
une quinzaine ou depuis une vingtaine d'années et que nous répétons
pour la ne fois les produits remarquables, qu'en somme cela ne nous
dit pas grand-chose; mais si nous parvenons à montrer notre enthousiasme
devant ce fait, il est évident que nous pouvons alors entraîner
nos élèves dans ce mouvement. Je suis certain que beaucoup de nos
jeunes professeurs ne réussissent pas parce qu'ils sont trop timides. Cette
timidité peut avoir de nombreuses raisons et je crois qu'une bonne
méthode pour éliminer toutes les causes accessoires qui font que le