1959 - Université Libre de Bruxelles

344 ELIZABETH DELLA SANT A
complémentaire. Aujourd'hui, l'art Olmèque est considéré
comme une des phases les plus anciennes de l'art du Mexique.
Par quoi se caractérisent les manifestations artistiques de l'art
OlmèqueP
Tout d'abord, par la présence dans la sculpture de têtes iso.
lées souvent monumentales, généralement taillées dans la pierre
dure. Ces têtes dépourvues de cou ne sont pas des vestiges de
statues décapitées. Ce sont des œuvres d'art complètes en soi
(fig. 2). Deux des têtes de Tres Zapotes (17) ont les épaules
sommairement indiquées. Elles se distinguent des têtes isolées
par ceci qu'un gros tenon quadrangulaire les prolonge dans
une direction perpendiculaire à l'occiput (fig. 4). Sans doute
ces deux œuvres étaient-elles destinées, comme le suppose Stirling
(18), à être encastrées dans un mur ou à servir de base à
un escalier.
Les têtes Olmèques contrastent avec les têtes Maya qui ne
sont pas absentes des sites où on a découvert les premières, par
l'aspect brachycéphalique du crâne, par la face courte aux joues
rondes qui a valu à ces visages le nom de « baby-faces», par les
yeux largement ouverts et non point bridés, par le nez petit et
charnu, par les lèvres épaisses qui s'abaissent aux commissures.
C'est d'ailleurs la raison pour laquelle Melgar, en décri·
vant la première tête monumentale de Tres Zapotes, en 1871,
lui attribuait une origine éthiopienne el).
Une autre caractéristique de l'art Olmèque est la présence
dans l'art d'un dieu-félin. Celui·ci est représenté tantôt sous
l'aspect du fauve, réaliste ou stylisé, tantôt sous les traits
hybrides de l 'homme-félin (fig. 6) (20). Outre les stèles de Tres
Zapotes, de La Venta et d'Izapa, caractéristiques à cet égard,
quelques masques et statuettes en jade, conservés notamment
à la Brummer Gallery, à Ne"\v York Cl) ou au Peabody Museum
(11) M. W. STIRLING, op. cit., pl. 8, a, b, c; le musée de Villa Hermosa
(Etats-Unis du Mexique) conserve de ces œuvres. (Mon. F. et G.,
descr. pp. 22-23).
eS) Ibid." Zoc. cit. : « It is possible that these stones may have
constituted decorative details at an entrance or the base of a stairway,
being anchored by means of the tenons. » Cependant l'auteur ajoute que
le tenon a pu servir aussi de siège, ibid., Zoc. cit.
e') Cité par M. W. STIRLING, op. cit., p. 17.
(20) Ibid., pl. 12a, 26, 31a, 37a, 4ïb, etc.
(21) P. KELEMEN, Medieval American· Art, op. cil., t. II, pl. 243,
fig. c.