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1959 - Université Libre de Bruxelles

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318 PIERRE RUELLE<br />

aux troubles infiniment variés que peuvent jeter dans l'esprit<br />

et dans la langue <strong>de</strong>s associations d'idées fondées ou non:<br />

beugler se croisant avec mugir pour donner meugler, forcené<br />

que l'on aurait dû continuer à écrire avec s puisqu'il n'a rien<br />

à voir avec force mais provient <strong>de</strong> fors et d'un dérivé du francique<br />

·sin (néerl. zin) ,souffreteux étranger à souffrir et provenant<br />

d'un ancien français soufraite, privation, disette.<br />

C'est la gloire <strong>de</strong> Jules Gilliéron d'avoir montré, avec une<br />

passion parfois un peu véhémente, il est vrai, les hésitations,<br />

les régressions et les « erreurs » <strong>de</strong> la langue. L'admirable Atlas<br />

linguistique <strong>de</strong> la France qu'il publia dès 1902 avec le concours<br />

d'Edmond Edmont, lui permit, en fondant la géographie linguistique,<br />

<strong>de</strong> saisir sur le vif les efforts faits par les parlers<br />

régionaux pour remédier aux causes d'ambiguïté.<br />

Nous voici arrivés au seuil <strong>de</strong> notre siècle et vous vous<br />

apercevez que je n'ai guère fait mention ni <strong>de</strong> morphologie ni<br />

<strong>de</strong> syntaxe. Peut-être en gar<strong>de</strong>z-vous l'impression que la grammaire<br />

historique du français se confond avec la phonétique<br />

historique. Assurément, vous commettriez une erreur, mais il<br />

n'en reste pas moins vrai que l'histoire <strong>de</strong>s sons, parce qu'on<br />

la croyait, au début, facile, entraînée' par une sorte d'élan rectiligne,<br />

a bénéficié la première <strong>de</strong> recherches enthousiastes qui<br />

en se développant, en entraînèrent d'autres. Il va <strong>de</strong> soi cependant<br />

que, très souvent, les résultats acquis dans ce domaine<br />

étaient immédiatement applicables à l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la morphologie<br />

historique. Cette <strong>de</strong>rnière bénéficia également <strong>de</strong> la nécessité<br />

où l'on se trouvait d'expliquer les textes médiévaux dont l'édition<br />

s'était considérablement développée <strong>de</strong>puis le début du<br />

XIX 8<br />

siècle. Mais soit par l'effet <strong>de</strong> cette double subordination,<br />

soit plutôt parce que bien <strong>de</strong>s transformations morphologiques<br />

ne s'expliquent qu'en recourant à la syntaxe, les étu<strong>de</strong>s en cette<br />

matière restèrent moins abondantes.<br />

La syntaxe historique, elle, fut longtemps délaissée. Certes,<br />

dès le <strong>de</strong>rnier quart du XIX 8 siècle, <strong>de</strong> consciencieuses étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong><br />

détail furent écrites, surtout en Allemagne, sur la langue <strong>de</strong><br />

tel auteur ancien, sur l'évolution <strong>de</strong> telle construction, sur le<br />

progrès ou le déclin <strong>de</strong> tel emploi, mais ce n'est qu'au xx 8<br />

siècle<br />

que l'on vit les premières tentatives importantes <strong>de</strong> synthèse,<br />

celle <strong>de</strong> Ferdinand Brunot en 1905 - la monumentale

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