1959 - Université Libre de Bruxelles

32 DISCOURS RECTORAL DE M. LE PROFESSEUR HENRI JANNE
le premier, dit « primaire )), l'agriculture, l'élevage, la silviculture
et la pêche, le second, dit « secondaire )), l'industrie (y
compris le bâtiment), le troisième, dit « tertiaire)), le reste,
c'est-à-dire les services, l'administration, la distribution, les
loisirs.
Jean FOURASTIÉ a repris, ces dernières années, toute
cette analyse avec des variantes théoriques, qu'il n'est pas
nécessaire de discuter ici. Il a montré la liaison indubitable
qui existe entre le niveau des techniques et la distribution de
la population active, en manière telle que la structure de celleci
autorise un diagnostic global mais sûr, au sujet de l'état
technique de la société considérée.
L'évolution universelle est la suivante. Avant la révolution
industrielle les populations actives comptent grosso modo 90 %
de personnes dans le secteur primaire agricole; les 10 % restant
se partagent entre les manufactures embryonnaires, l'artisanat,
les activités administratives et domestiques. La révolution
industrielle fait décroître progressivement le secteur primaire
en faveur du secteur secondaire: c'est la grande migration
industrielle. Mais ce dernier secteur atteindra, au bout de quelques
dizaines d'années, un plafond qui ne s'élèvera guère audessus
de 50 % de la population active; ensuite, le nombre des
personnes qui y travaillent commence à décroître. Quant au secteur
tertiaire, il ne cesse de grandir en prélevant des personnes
sur l'agriculture et sur l'industrie. Il est destiné à englober la
majorité de la population active, comme c'est déjà le cas
aux Etats-Unis.
Bien entendu, dans ce processus, la production et la productivité
agricoles croissent sans arrêt et il en est de même,
avec une intensité beaucoup plus grande encore, pour l'industrie.
L'agriculture se mécanise et l'industrie s'automatise.
Il ne faut pas être statisticien pour se rendre compte de
ce que la méthode CLARK-FoURASTIÉ ne peut offrir, dans l'état
actuel des choses, que des vues très globales et très grossières,
car les catégories professionnelles en statistique sont difficiles
.à définir, ne se recouvrent ni dans le temps pour un même
pays, ni dans l'espace pour des pays diff€rents, de sorte que
J'approximation des frontières des secteurs peut être très
grande. .
Il n'en reste pas moins qu'en gros ces auteurs ont dégagé