1959 - Université Libre de Bruxelles

BIBLIOGRAPHIE 119
nigen überraschen konnte, der alles das ken nt, was Nietzsche veroffentlicht
oder für die Veroffentlichung bestimmt hat. III, p. 1403).
b) Dès l'antiquité la lettre constituait un genre littéraire particulier
que cultivaient aussi bien les Grecs que les Romains. Que l'on songe
même aux épîtres de saint Paul. La Renaissance a naturellement fort
pratiqué ce genre. Au XVIIe siècle, les lettres de Descartes, de Spinoza et
de Leibniz devinrent de véritables traités scientifiques. L'humanisme allemand
du xvm e et du début du XIX e siècle a, lui aussi, fort développé ce
genre. [Ce fut d'abord Lessing, avec ses lettres sur le théâtre, Hamburgische
Dramaturgie, 1767-1769; dans une lettre à D., il insère
même des fragments d'une pièce de théâtre, cf. Briefe aus dem zweiten
Teile der Schriften, 1753. Il Y a aussi les lettres à une amie, de l'humaniste
Guillaume de Humboldt (frère d'Alexandre).] Nietzsche aimait beaucoup
d'écrire à ses amis et connaissances; ses lettres lui donnaient l'occasion
de s'exprimer; quelquefois elles indiquent l'arrière-plan de
certaines idées. Elles permettent ainsi de suivre l 'histoire spirituelle de
Nietzsche. Un des grands mérites du professeur Schlechta est d'avoir
démontré que la sœur de Nietzsche a falsifié les lettres que celui-ci lui
avait adressées. Cette supercherie a permis à Mme Forster-Nietzsche
d'édifier son Nietzsche légendaire (p. 1409). Pour trente-deux lettres
(dont la liste se trouve pp. 1410-1411), il n'existe même pas de texte
original, ce qui ne l'a pas empêchée de les éditer. Epouse d'un nationaliste
raciste, Mme Forster-Nietzsche était depuis longtemps brouillée
avec son frère quand, grâce à l'aliénation mentale de celui-ci, elle put
s'emparer de son œuvre. Se faisant passer dès lors pour la seule personne
au monde à comprendre à fond la pensée de son frère, elle put décerner
à Hitler le titre d'héritier spirituel de Nietzsche et s'efforcer par-dessus
tout d'empêcher que la pensée nietzschéenne ne desserve l'impérialisme
allemand. Elle y a réussi pleinement, puisque la plupart des pseudointellectuels
ou dilettantes, ne lisent pas plus loin que le bout de leur
nez; et puisqu'il est tellement facile de classer les gens au moyen d'une
étiquette.
2. MEHRING, Franz et LUKACS, Georg, Friedrich Nietzsche, Berlin, Aufbau,
1957.
Parues antérieurement en divers endroits, un certain nombre d'études
des deux auteurs marxistes sont ici rassemblées en un seul volume.
Franz Mehring (1846-1919) fut un des socialistes les plus en vue sous
l'empire allemand de Guillaume II et un critique de renommée internationale.
Il s'opposa à la guerre en 1914-1918. Nous avions lu de lui
« Karl Marx, Geschichte seines Lebens » et sa « Geschichte der deutschen
Sozialdemokratie », mais nous ne connaissions pas ses études sur
Nietzsche; elles avaient d'ailleurs paru (dans « Die Neue Zeit ») du
vivant même de Nietzsche (en 1897 et en 1899). Sans vergogne il proclame
Nietzsche le « Sozialphilosoph des Kapitalismus n, tout simplement
parce qu'il n'aimait pas Hegel. Mehring indique comment Marx
et Engels, partant de la dialectique hégélienne, constatèrent que la
morale est relative aux conditions économiques des peuples et des classes.
Au lieu d'en conclure que l'histoire conditionne la morale, Nietzsche
aurait jugé que la morale n'existe pas. Mehring joue ici sur les mots.
Kant avait déjà démontré qu'il n'y a pas de morale sans exigence absolue.
Il est bien permis ici, sans qu'il faille préciser, de rappeler l'extrême