1959 - Université Libre de Bruxelles

POLITIQUE ÉCOl'iOMIQUE EN FRANCE ET EN GRANDE-BRETAGNE 389
par les économistes soucieux d'introduire des méthodes d'analyse
rationnelles, car ils sont imprégnés des grandes lignes de
la pensée économique moderne et en particulier de la théorie
keynésienne avec ses concepts macro-économiques.
Le dialogue entre les responsables de la conception économique
et ceux à qui incombe la traduction en termes administratifs
des plans inspirés de l'analyse économique et leur
exécution est donc possible puisqu'ils parlent un langage commun.
D'autant plus que les économistes ont eux-mêmes une
approche empirique procédant par voie d'approximations successives
qui laissent subsister une marge d'indétermination
dans les objectifs quantitatifs. Cette méthode d'analyse est plus
flexible, moins rigoureuse que les méthodes utilisées par les
économistes du Centraal Plan Bureau.
Quant au niveau et à la composition des investissements
privés, la régularisation en est impartie, dans une large
mesure, à la politique du crédit. Et ici aussi on retrouve cette
volonté du « Treasury » de gagner l'assentiment des exécutants
aux mesures qu'ils devront prendre pour réaliser les objectifs,
à la conception desquels, d'ailleurs, ils auront étroitement collaboré.
A cet égard, le Gouverneur de la Banque d'Angleterre a
lui-même défini le caractère des liens que celle-ci entretient
avec le « Treasury» (31). L' « Act» de 1946, nationalisant la
Banque d'Angleterre, prévoit explicitement que le Chancelier
de l'Echiquier exerce la responsabilité suprême, en matière de
politique monétaire C 2 ). Toutefois, la Banque d'Angleterre
est loin d'être un simple département; comme le souligne le
Gouverneur Cobbold « it is the hanker, agent and confidential
adviser to the Government over a wide range of financial
matters ... The Bank has also a direct responsibility for market
monetary management, which includes the fixing of Bank
rate and various other market operation. In law, the court (of
Directors) is responsible for the conduct of the Bank's affairs,
subject to any direction which may be given by H. M. Treasury.
. . In practice, the court accept and discharge these
responsibilities in consultation with H. M. Government and
(31) CI. Bank, City and Public (The Banker, mars 1958, p. 163).
(32) M. Heathcot Amory, l'actuel Chancelier, affirmait il y a quelques
mois que « the responsibility exists and must remain with the
Government for the control of money supply».