1959 - Université Libre de Bruxelles

VIE UNIVERSITAIRE 141
ville. des biens et des responsabilités constituant une expérience
vécue familialement et personnellement.
C'est donc sans étonnement que nous voyons le jeune représentant,
dès septembre 1943, ·proposer, en sa qualité de membre du Comité des
Relations étrangères, une résolution revendiquant, pour après la guerre
qui s'annonçait alors victorieuse, l'institution d'un système de sécurité
collective pour maintenir la paix mondiale (Resolution calling for
system of collective security to maintain world peace). Cette importante
résolution approuvée par la Chambre des Représentants est historique
dans les annales parlementaires américaines et connue sous le nom de
u Fulbright Resolution ».
En 1946, c'est le Fulbright Act, dont nous parlerons plus loin avec
plùs de détails, car c'est l'œuvre politique maîtresse du Sénateur, œuvre
qui le classe comme un éminent homme d'Etat et revêt un caractère
historique, non seulement sur le plan américain, mais sur le plan international.
Il proposa, avec moins de succès,. des mesures pour assurer
la constitution d'une Fédération européenne, s'efforçant par là de tirer
Ja leçon politique de son séjour et de son voyage de jeunesse en Europe
occidentale.
Citons encore ses interventions législatives en faveur de la petite
entreprise dans les domaines de la recherche scientifique appliquée, du
renforcement des lois antitrusts et de l'amélioration du statut fiscal. On
note d'emblée combien ce légiste va directement au fond des choses et
d'une vue synthétique, souligne, par les objets mêmes de son action, que
la survie de la petite entreprise dans la société moderne, est conditionnée
par son niveau technique, sa position relative dans la structure
économique et sa rentabilité financière qui ne s'exprime pas par un
profit économique ordinaire, mais par un revenu familial direct dont la
régularité doit être socialement assurée.
J. William- Fulbright est sénateur démocrate du « solide Sud» et,
mieux, de l'Arkansas, l'un des Etats où la question raciale revêt les
a~pects les plus aigus et les plus émouvants. Il ne faut pas être grand
politique, p'our imaginer la difficulté d'une telle position, quand il s'agit
d'un juriste, d'un universitaire, d'un homme formé à la culture européenne,
ayant ce sens de l 'humain, de l'universel et du relatif que nous
lui avons reconnu. Qu'il nous suffise de dire ici que cet homme d'Etat,.
dans ses rares interventions à ce sujet, prêche la compréhension mutuelle
des points de vue et des « situations» héritées d'un déchirant passé,
préconise la modération dans l'action, condamne la violence officielle et
privée, et tente, enfin, aux moments cruciaux, d'apporter de l'apaisement
et de faire prévaloir des attitudes respectables et humaines .
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Mais passons à l'analyse du grand bienfait du Sénateur Fulbright
à l'égard des Universités et des étudiants de près de la moitié du globe.
Le Fulbright Act, approuvé par le Président Truman, le 1 er août 1946,
se présente curieusement, si l'on songe à son objet réel, comme un amendement
du Surplus Property Act de 1944.
Le mérite supérieur de l'homme que nous honorons aujourd'hui et,
sanS doute, le motif essentiel de l'honneur qui lui est fait, réside, en fin
de compte dans la capacité qu'il a eue, en 1946 de concevoir le moyen
institutionnel permettant de répondre, systématiquement et simultané-