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1959 - Université Libre de Bruxelles

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BIBLIOGRAPHIE 121<br />

kapitalistischen Gesellschaft» (p. 50), et qu'il jugeait la démocratie à<br />

partir <strong>de</strong> ce point <strong>de</strong> vue. Mais Lukacs voit quelque chose <strong>de</strong> réactionnaire<br />

dans la critique nietzschéenne du capitalisme, ce qui l'amène à<br />

citer Nietzsche <strong>de</strong> manière étrange et fort tendancieuse. Nous savons<br />

l 'hostilité <strong>de</strong> Nietzsche à Bismarck et sa sympathie pour le jeune Guillaume<br />

II; Lukacs allègue un passage d'une lettre <strong>de</strong> Nietzsche à sa sœur<br />

(p. 91, sans aucune indication <strong>de</strong> lieu; Lukacs est à cet égard d'une<br />

gran<strong>de</strong> négligence), mais en face <strong>de</strong> ce texte, citons-en un autre (Briefe<br />

an Peter Gast, Leipzig, 1925, 27 septembre 1888, p. 298, à propos <strong>de</strong> son<br />

écrit contre Richard Wagner): « Da6 ich an einer Stelle unsern jungen<br />

<strong>de</strong>utschen Kaiser meine, wird man schon heraushoren ... übrigens gefallt<br />

er mir immer mehr : er thut fast je<strong>de</strong> Woche einen Schritt, um<br />

zu zeigen, da6 er we<strong>de</strong>r mit "Kreuzzeitung", noch mit "Antisemiterei"<br />

verwechselt wer<strong>de</strong>n will. » Et voici la citation <strong>de</strong> Georg Lukacs (p. 91):<br />

« Vnser neuer Kaiser gefallt mir immer mehr. Der Wille zur Macht aIs<br />

Prinzip ware ihm schon verst1indlich. » Lukacs enchaîne en affirmant<br />

que la politique étrangère <strong>de</strong> Guillaume II correspondait tout à fait au<br />

principe nietzschéen <strong>de</strong> la volonté <strong>de</strong> puissance (mais alors on pourrait<br />

aussi bien mentionner Staline), grâce à quoi l'on découvre avec consternation<br />

quelle idée simpliste notre auteur a <strong>de</strong> ce principe. Ainsi il verra<br />

dans l'œuvre <strong>de</strong> Nietzsche « eine I<strong>de</strong>ologie <strong>de</strong>r au6ersten Reaktion, die<br />

sich <strong>de</strong>n Anschein einer unerschrocken revolutionaren Auffassung gibt ))<br />

(p. 92); 1l0US apprenons même que le consentement nietzschéen au<br />

mon<strong>de</strong> est un consentement au « Monopolkapitalismus» (p. 93) et que<br />

sa pensée aboutissait « zur aktiven Unterstützung <strong>de</strong>s entstehen<strong>de</strong>n<br />

Monopolkapitalismus». Et ces insanités se préten<strong>de</strong>nt marxistes... Ici,<br />

l'absence d'esprit critique est saisissant. Quoi qu'il ait pensé ou écrit,<br />

l'accusé Nietzsche ne peut qu'être un réactionnaire partisan du capitalisme<br />

monopoliste: peu s'en faut que ce procès n'en évoque d'autres, tristement<br />

célèbres ...<br />

3. F. A. LEA, The tragic philosopher, a study of F. Nietzsche, London,<br />

Methuen, 1957, 8°, 354 p., 30 s.<br />

L'auteur écrit avec raison (pp. 206-207): « It is one of the crowing<br />

ironies of philosophical history that the only time he has seemed to<br />

exert an influence comparable to Marx's was the time when he himself<br />

was involved by an artful prodigy as the prophet of revenge and the<br />

Last Man.. l) Le -<strong>de</strong>rnier homme, c'est l'homme grégaire, heureux au<br />

milieu <strong>de</strong> la masse, celui que Nietzsche n'a cessé <strong>de</strong> combattre.<br />

Nietzsche a mis en gar<strong>de</strong> contre la « massalisation » ou l'anéantissement<br />

<strong>de</strong> l'homme, qu'il voyait s'accomplir dès son époque. C'est pourquoi il<br />

se prit à douter <strong>de</strong> l 'homme <strong>de</strong> son temps, ce qui le jeta dans l'autre<br />

extrême: l'exaltation du grand individu. « Had he not <strong>de</strong>spaired of<br />

presentday man, he would never have looked for a Napoleon in the first<br />

place; he would have looked for a Mirabeau instead... As it was, his<br />

<strong>de</strong>spair was at once the cause and effect of a relapse into sheer negation<br />

on his own part: a relapse so violent that, in the name of Caesar, he<br />

really did proclaim Cesar Borgia, and in the name of Napoleon - Hitler»<br />

(pp. 301-302). Ici l'auteur exagère, car ce n'est pas à un dictateur ou<br />

dirigeant politique que songeait Nietzsche, mais à l'individu suffisamment<br />

fort pour vivre à l'encontre <strong>de</strong> tous. Tel est le sens <strong>de</strong> sa révolte et<br />

<strong>de</strong> sa protestation (Nietzsche était en effet un « protestant»).

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