1959 - Université Libre de Bruxelles

POLITIQUE ÉCONOMIQUE EN FRANCE ET EN GRANDE-BRETAGNE 379
qu'il se bornait à mentionner que « The Government intend
to estabIish on a permanent basis a sm aIl central staff qualified
to measure and analyse economic trends and submit appreciations
of them to the Ministers concerned)) (§ 81). Le programme
électoral du parti travailliste ({( Let Us Face the
Future))) n'était guère plus précis puisqu'on y trouvait seulement
mention d'un « Investment Board)) chargé de déterminer
les priorités et de promouvoir une meilleure coordination
des investissements privés. C'est dans ces conditions que
commença ce qu'on a appelé parfois la « révolution silencieuse»
du gouvernement travailliste.
A. LA PREMIÈRE PHASE DE LA POLITIQUE ÉCONOMIQUE TRA V AIL­
LISTE (août 1945-mars 1947)
Le recours aux comités inter-départements chargés respectivement
d'examiner les problèmes relatifs à la main-d'œuvre,
aux investissements, aux matières premières et à la balance des
paiements, constitua pour la période la méthode dominante
de formulation et de mise en œuvre de la politique économique.
Ces différents groupes de travail étaient supervisés par un
comité de coordination «( Steering Committee») présidé par
le secrétaire permanent du « Treasury» et chargé de synthétiser
les résultats de leurs travaux afin de les présenter aux
ministres intéressés. A part cela, il n'existait aucune institution
centrale à laquelle eussent été confiés la préparation de la
politique économique et le soin d'en coordonner la réalisation
par les différents départements intéressés.
Au niveau du Cabinet, c'était le Lord Président qui était
chargé de coordonner la politique économique. II ne se trouvait
pas à la tête d'un département et l'essentiel de ses services
consistait en la Section écononlique de l'ex-cabinet de
guerre qui avait été maintenue et en l'Office central de Statistiques
(cf. infra). Son action de coordination s'avérait fort
lâche, d'autant plus que la politique d'exportations était du
ressort du Board of Trade et que la politique financière relevait
du Chancelier de l'Echiquier. Par ailleurs, n'oublions pas
que le président du « Steering Committee» dépendait non
pas du Lord Président mais du Chancelier.
L'euphorie de l'après-guerre jointe à l'attitude des respon-