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1959 - Université Libre de Bruxelles

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LÉO ERRERA CHEZ VICTOR HUGO 243<br />

lancer, la causette n'était pas en somme très différente <strong>de</strong> ce<br />

qu'on entend dans tous les salons.<br />

La veille avait eu lieu l'enterrement d'Edgar Quinet sur<br />

la tombe <strong>de</strong> qui Hugo avait prononcé un magnifique discours:<br />

la foule lui avait, paraît-il, fait une véritable ovation,<br />

un vrai triomphe d'enthousiasme: naturellement on parla<br />

d'abord <strong>de</strong> ce beau légitime succès du grand poète. Chacun<br />

raconta les mots, plus ou moins frappants, qu'il avait entendus<br />

dans la multitu<strong>de</strong> sympathique. Une vieille femme disait<br />

à Hugo d'une voix suppliante: « Oh Monsieur, ne mourez pas!<br />

Ne mourez pas, Monsieur, je vous en prie!... » Un homme du<br />

peuple est venu lui souiller à l'oreille ces belles paroles: « Plus<br />

on vous insulte, plus nous vous aimons!... » Un autre aurait<br />

poussé sa petite fille par la fenêtre ouverte <strong>de</strong> la voiture <strong>de</strong><br />

Hugo, en disant: « Regar<strong>de</strong> bien ce Monsieurl Regar<strong>de</strong>-le bien!<br />

et puis rappelle-toi toujours que tu l'as regardé! » - Le vieillard<br />

embrassa au front le bébé: ce n'était que justice. - La<br />

police, disait Hugo, s'était, par extraordinaire fort bien conduite<br />

et avait remplacé son ton rogue et impertinent par <strong>de</strong>s paroles<br />

plus douces ... et partant plus efficaces. Ainsi pour faire ranger<br />

la foule, la police criait : « Mais faites donc place : y a <strong>de</strong>s<br />

dames! » Il paraît même que lorsqu'en entrant en voiture, le<br />

septuagénaire recevait les poignées <strong>de</strong> main <strong>de</strong> tous les assistants,<br />

un agent <strong>de</strong> ville se serait timi<strong>de</strong>ment avancé en tendant<br />

vers la portière sa main soigneusement gantée au préalable<br />

<strong>de</strong> sa housse <strong>de</strong> filoselle, comme s'il n'osait, lui policier,<br />

toucher la main qui écrivit les Châtiments! Hugo, comme <strong>de</strong><br />

juste, empoigna vigoureusement cette main timi<strong>de</strong> et dit à<br />

son porteur combien il avait trouvé digne la conduite <strong>de</strong> la<br />

police. Enfin Hugo semblait excessivement touché <strong>de</strong> l'affection<br />

que lui témoignait ce peuple <strong>de</strong> Paris « à qui je le rends<br />

bien» ajouta-t-il. -<br />

Comme il se mettait à tousser et que ~pne A. M. B. lui faisait<br />

observer en riant que lui, V. H., ne <strong>de</strong>vait pas tousser<br />

comme un simple mortel, il répondit: « Savez-vous quel est<br />

mon remè<strong>de</strong> quand j'ai une toux ou un rhume? Eh bien! je<br />

monte pendant quelques heures sur l'impériale d'un omnibus,<br />

moi républicain, et je vais ainsi exposé à tous les vent.s. Et<br />

faut pas (sic) croire que cela augmente mon rhume, au con-

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