1959 - Université Libre de Bruxelles

76 LÉOPOLD FLAM
frohliche Wissenschaft », l'insensé proclamera cette mort aux
libres penseurs et aux athées; ils lui riront au nez, ayant substitué
à Dieu une idée ou un concept. Or si je suis conscient
que Dieu est mort, je sais que rien ni personne ne peut le remplacer,
aucun idéal, aucune valeur, aucun but, aucun chef.
Dieu est mort, à présent le surhomme peut vivre. Le surhomme,.
individu enfin adulte, s'est libéré définitivement des dieux, des.
idoles, des idéaux, des héros et des chefs (12). Devenu lucide,
l'individu découvre à travers le nihilisme métaphysique le
néant de son existence, la profonde absurdité du monde. Dès.
lors, trois solutions se présentent. Il peut accepter l'absurde t
s'y résigner. C'est la voie du quiétisme, du suicide, de l'indifférence,
de l'indolence morose (les libres penseurs blasés).
Ou bien il peut retomber dans un nihilisme absolu, ce qui est
le cas de Kafka, de Samuel Becket, de certains surréalistes (13).
zum Beispiel unsere ganze europaische Moral. Die lange Fülle und Folgavon
Abbruch, Zerstorung, Untergang, Umsturz, die nun bevorsteht : weI'
erriete heute schon genug davon, um den Lehrer und Vorausverkünder
dieser ungeheuren Logik von Schrecken abgeben zu müssen, den Propheten
einer Verdüsterung und Sonnenfinsternis, derengleichen es.
wahrscheinlich noch nicht auf Erden gegeben hat. .. »
(12) Werke, V, p. 302 : « ... aIs ob sie (la nature) ein Beweis für
die Güte und Obhut eines Gottes sei; die Geschichte interpretieren zu
Ehren einer gottlichen Vernunft, ais bestandiges Zeugnis einer sittlicheTh
Weltordnung und sittlicher SchluBabsichten; die eigenen Erlebnisse
auslegen, Wi6 sie fromme Menschen lange genug ausgelegt haben, wieais
ob alles Fügung, alles Wink, alles dem Heil der Seele zuliebe ausgedacht
und geschickt sei: das ist nunmehr vorbei, das hat das Gewissen
gegen sich, das gilt allen feineren Gewissen ais unanstandig, unehrlich,.
ais Lügnerei, Feminismus, Schwachheit" Feigheit, -
mit dieser Strenge,
wenn irgend womit, sind wir eben gute Europaer und Erben von Europas
langster und tapferster Selbstüberwindung. »
Ibid., 216. « Du wirst niemals mehr beten, niemals mehr anbetenJniemals
mehr im endlosen Vertrauen ausruhen. »
Cf. S. SIEGMUND, Nietzsche der "Atheist" und "Antichrist", Paderborn,
1956, qui adopte un point de vue catholique, se trompe en voyant
dans le surhomme « ein Ersatz für den toten überweltlichen Gott»)­
(p. 92). Mais beaucoup partagent cette erreur. En outre il parle de l'influence
de Nietzsche sur Rilke, alors que Lou Andreas-Salomé nous a
appris que Rilke n'a jamais lu Nietzsche. Cf. Lou ANDREAS-SALOMÉ, Lebensrückblick,
Wiesbaden, 1951, pp. 141-171.
Il s'efforce évidemment, encore une fois comme tant d'autres, deprêter
à Nietzsche une nature religieuse.
(13) Cf. G. HELMAN, Apprentissage de la haine, Les deux Sœurs,.
Paris, 1947, pp. 59-62.
P. 60 : «.... je n'ai aucun but en vue, je me sens, et je le dis.
d'ailleurs pour mon propre plaisir, essentiellement méchant. »
P. 61 : « ... s'il me reste une proposition à faire, c'est d'entraîner le-