1959 - Université Libre de Bruxelles

406 BIBLIOGRAPHIE
Joseph Freiherr VON EICHENDORFF, Neue Gesamtausgabe der Werke und
Schriften in vier Banden, herausgegeben von G. Baumann in
Verbindung mit S. Grosse, Stuttgart, J. G. Cotta'sche Buchhandlung
Nachf., 1958, 1. III, 1239 pages, relié pleine toile.
Parmi les éditions récentes d'Eichendorff, parues à l'occasion du
100 8 anniversajre de la mort du poète le 26 novembre 1857 - il n 'yen
eut pas moins de six - celle de la Cotta'sche Buchhandlung a l'avantage
d'être la plus complète: c'est une « Gesamtausgabe» comprenant en
plus de l'œuvre poétique, les écrits de 1 'historien et notamment de
l'historien littéraire ainsi que les traductions (Werke und Schriften),
avantage d'autant plus notable qu'elle est, à ce jour, la seule édition
complète accessible. La grande édition historique et critique entreprise
par W. Kosch chez Habbel à Ratisbonne en 1908 a en effet subi des
retards considérables et reste fort fragmentaire: des 25 volumes prévus,
8 seulement ont vu le jour et les diflicultés de mener à bien la tâche
s'avèrent de plus en plus grandes, ne fût-ce que par suite de la disparition
de l'un ou de l'autre des collaborateurs.
L'intérêt du présent tome III est de nous offrir précisément le
Journal et les traductions de l'espagnol : 12 pièces de théâtre religieux
de Calderon, 5 « entremesses» de Cervantes et le Comte Lucanor de
Don Juan Manuel, tous textes que l'on ne trouve pas dans les Gesammelte
ou Ausgewahlte Werke des éditions habituelles et dont il serait
superflu de souligner l'importance pour qui désire approfondir quelque
peu l'étude d'Eichendorff.
Ainsi les Tagebilcher présentent-ils pour la compréhension du
poète un intérêt indéniable, TagebUcher dont les inscriptions fort laconiques
au début - les premières remontent à 1798, époque où Eichendorff
n'a que dix ans - s'étoffent singulièrement dès 1802 pour diminuer
à nouveau de volume en 1812; elles s'y arrêtent pratiquement
au mois de mars au moment où Eichendorff s'engage comme volontaire
dans le Corps Franc de Lützow pour prendre part aux guerres
de libération; il n'y eut à jouer qu'un rÔle effacé et n'y consacra
guère qu'une vingtaine de lignes en 1815. Ces mémoires projettent
une lumière vive sur le Werdegang du poète, notamment pendant
le séjour à Heidelberg qui fut décisif pour la formation de son
génie poétique. Ils nous fournissent en outre des détails intéressants
sur la façon de vivre de cet authentique baron que l'on s'imagine
volontiers un Taugenichts insouciant, mais qui s'accommodait de
vertus spartiates; ainsi en 1809, et ce pendant tous le mois de novembre,
relale-t-il qu'au petit déjeuner il avait une Wassersuppe et
vers midi et demi « einen Schluck ordinaren Schnaps, Brot u. Butter
u. Salz u. 1. Bout. Bier, bei verschlossenen Türen». Après quoi, pour
sauver la face, il consacre une heure à parcourir les rues ou à aller au
café. « Das Abendessen eben wieder so frugal, wie zu Mittage lu stig
u. incognito am Ofen. » De même au 3 septembre 1811, il note: « Fingen
wir unser abenteuerliches standhaftes Hungerleben an, um uns Geld
auf Bücher zu ersparen »; et le 29 du même mois il ajoute en nota bene :
« Erschopfung manchmal von Hunger u. Arbeit. »
Quant aux traductions de l'espagnol, en vers (pour Calderon) et
en prose, notons qu'elles sont toujours valables, même après celles
postérieures et plus complètes de Lorinser. Le choix que l'auteur y a
fait nous renseigne sur sa tendance profonde; en même temps nous