1959 - Université Libre de Bruxelles

338 S. SULZBERGER
sible aux charmes de la nature savait élever ce qu'il avait vu
de plus parfait au type immortel du beau idéal C~). ))
La contemplation des œuvres de Memling touche le spectateur
jusqu'aux lar;mes; il a réalisé un progrès immense dans
la sphère du sentiment et de la pensée. « Si jamais peintre
mérita l'honneur d'être considéré comme un interprète privilégié
du christianisme, c'est assurément celui-là )), écrit H. Fortoul
(De l'art en Allemagne, Paris, 1842.) « Hemling (sic) est
le vrai peintre des chrétiens austères qui ne font de leur vie
humaine que la préface de leur vie immortelle. Il « Jean van
Eyck n'éveille en nous que des idées terrestres ... chez Hemling
(sic) tout nous enlève au ciel CI). Il Dès lors, van Eyck se voit
accoler l'épithète de réaliste, non sans une nuance péjorative.
Depuis 1856, James Weale, fixé à Bruges, se consacre à
l'étude des peintres et retrouve dans les archives les documents
authentiques grâce auxquels on pourra détruire la légende qui
s'était tissée autour du nom de Memling. Il ne s'agit plus d'un
pauvre soldat malade et blessé mais d'un bourgeois aisé. Ces
données précises permettent de rédiger un catalogue sérieux du
nouveau musée (1861). Peu à peu, les attributions se font plus
rigoureuses et beaucoup d'œuvres importantes sont enlevées à
Memling pour être restituées à Roger, Bouts ou Gérard David.
Les reproductions lithographiques font place aux excellentes
photographies de Edmond Fierlandts; ce photographeartiste
obtient à l'Exposition universelle de Bruxelles (1867)
une médaille pour une série de quatorze photos à grandeur de
la Châsse de Sainte Ursule (17). A. Siret, dans un compte rendu
du Journal des Beaux-Arts, les considère comme le joyau de la
science photographique. Cette même année, une exposition
d'art ancien organisée par la Gilde de Saint Thomas et de Saint
Luc, s'ouvre à Bruges; c'est la première en Belgique. On y présente
des tableaux et des objets d'art, mais aussi des reproductions
et des documents. Le catalogue est rédigé par trois mem-
C') KEVERBERG, op. cit., p. 128. Echo évident d'une conception classique.
CS) A. HOUSSAYE, Histoire de la peinture flamande et hollandaise,
2 e éd., Paris, 1848, p. 144.
(16) L. VITET, Etudes sur l'Histoire de l'Art, nouy. édit., Paris,
1875, p. 224.
(11) E. FIERLANTS, Pour ces photos voir Journal des Beaux-Arts,
1859, p. 23, 1865, p. 94, et 1867, pp. 107 et 123.