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1959 - Université Libre de Bruxelles

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SIGNIFICATION DE NIETZSCHE POUR NOTRE ÉPOQUE 73<br />

soucier <strong>de</strong> maintenir l'unicité. Il existe néanmoins une affinité<br />

entre les <strong>de</strong>ux penseurs: l'un et l'autre exigent <strong>de</strong> l'homme ce<br />

qu'il y a <strong>de</strong> plus élevé. Dans sa leçon inaugurale <strong>de</strong> 1818, Hegel<br />

déclara notamment ce qui suit: « <strong>de</strong>r Mensch solI sich selbst<br />

ehren und sich <strong>de</strong>s Hochsten würdig achten ». Cette idée suivit<br />

son chemin. Elle conduisit Ludwig Feuerbach à fon<strong>de</strong>r la<br />

dignité <strong>de</strong> l'homme sur le rejet <strong>de</strong> l'illusion religieuse qui<br />

l'aliène. De son côté Karl Marx, considérant lui aussi la religion<br />

comme une aliénation, y aperçut un reflet d'une autre<br />

aliénation, fondée sur la division <strong>de</strong> la société en classes.<br />

D'après Feuerbach, ce qu'il y a <strong>de</strong> plus élevé pour l'homme,<br />

c'est la fraternité universelle. Marx, qui pense <strong>de</strong> même, veut<br />

la mettre en pratique en s'efforçant <strong>de</strong> réaliser une société sans<br />

classes. Pour Nietzsche comme pour Feuerbach (6) l'aliénation<br />

<strong>de</strong> l 'homme gît dans la religion (1). Nietzsche a envisagé la<br />

religion du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> l'histoire <strong>de</strong> la culture, en se <strong>de</strong>mandant<br />

si, et comment, l'individu peut participer au mouvement<br />

général <strong>de</strong> l'histoire. Celle-ci tend vers la montée <strong>de</strong> l'homme<br />

afin qu'il puisse se défaire toujours davantage <strong>de</strong> sa facticité,<br />

(6) Cf. Karl L6wITH, Von Hegel bis Nietzsche, Stuttgart, 1950,<br />

pp. 198-206.<br />

(1) La plupart <strong>de</strong>s innombrables étu<strong>de</strong>s consacrées à ce problème<br />

restent en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> la question. Ainsi, d'après J. B. LOTZE, S. J.,<br />

Zwischen Seligkeit und Verdammnis, Frankfurt a/M., 1953, l'attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong><br />

Nietzsche résulte <strong>de</strong> sa prétendue incompréhension du christianisme. Il<br />

n'aurait eu <strong>de</strong> contacts qu'avec une adultération bourgeoise du christianisme<br />

véritable; <strong>de</strong> plus il aurait subi l'influence <strong>de</strong> Schopenhauer<br />

puisqu'il estimait le christianisme hostile à la vie, - en quoi il se<br />

trompait grossièrement, d'après J. B. Lotze, S. J. Nous aimerions<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r à ce père jésuite pourquoi le clergé catholique glorifie le célibat<br />

et d'où vient la pusillanimité du christianisme vis-à-vis <strong>de</strong> la sexualité.<br />

Hans PFEIL, Friedrich Nietzsche und die Religion, Regensburg,<br />

1949 et Ernst BENZ, Nietzsches I<strong>de</strong>en zur Geschichfe <strong>de</strong>s Christenfums<br />

und <strong>de</strong>r Kirche, Lei<strong>de</strong>n, E. J. BriII, 1956, sont plus sérieux. En ce qui<br />

concerne les rapports entre le christianisme et la sexualité, signalons<br />

l'ouvrage <strong>de</strong> W. G. COLE, Sex in Christianify and Psychoanalysis, New<br />

York, Oxford Un. Press, 1955. D'après cet auteur, la répugnance pour<br />

le corps et pour la sexualité n'est pas d'origine chrétienne, mais remonte<br />

à une tendance d'origine orientale au sein <strong>de</strong> l'hellénisme. En tant que<br />

te], le christianisme ne repousserait nullement la sexualité. A l'appui<br />

<strong>de</strong> cette thèse, l'auteur cite <strong>de</strong>s textes auxquels, bien entendu, on pourrait<br />

en opposer d'autres. - Mais on ne peut compter pour rien le célibat<br />

et le puritanisme. Le dualisme spiritualiste <strong>de</strong>s monothéismes et<br />

en particulier du christianisme, implique le mépris du corps et <strong>de</strong> la<br />

sexualité. La religiosité païenne spiritualise le mon<strong>de</strong> mais en restant<br />

moniste; c'est pourquoi son attitu<strong>de</strong> à l'égard du corps et <strong>de</strong> la sexualité<br />

n'est nullement négative.

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