1959 - Université Libre de Bruxelles

BIBLIOGRAPHffi 401
voyons combien les romantiques allemands, loin de se cloisonner dans
le passé national, ont élargi leur horizon et enrichi par là la littérature
allemande; ce qui est significatif pour cette préoccupation, c'est le fait
qu'Eichendorff a appris l'espagnol en autodidacte.
Les éditeurs suivent scrupuleusement le texte original, dont ils
conservent même l'orthographe (thun, Director); et pour la première
fois les « entremeses» de Cervantes sont rendus fidèlement d'après le
manuscrit de la bibliothèque d'Etat à Berlin. Ce troisième tome ne contient
pas, il est vrai, d'appareil critique proprement dit, mais les
variantes figurent entre parenthèses dans le texte; les passages qu'Eichendorff
ne considérait pas comme définitifs sont soulignés. Cette édition
sur papier bible, fort soignée également dans sa typographie, est
d'un maniement agréable et facile; ainsi le Journal est-il suivi d'un
triple index : des noms de personnes, de lieux et des œuvres. En bref,
il faut savoir gré à la maison Cotta de nous donner, dans une présentation
de choix, toute 1 'œuvre d'Eichendorff.
J. P.
~. RUTIN, Les gnostiques, Presses universitaires de France, 1959,
126 pages, in-12.
Sous une forme extrêmement ramassée, l'auteur réussit à mettre
en évidence le caractère universel et dramatique de l'inquiétude humaine
en face des problèmes métaphysiques. L'on dépasse ici le cadre chrétien,
et S. Hutin ouvre des fenêtres sur le foisonnement des conceptions tour
à tour imposantes dans leur ampleur, désordonnées, étranges, ou simplement
fantaisistes, mais touj,ours émouvantes. En effet, elles témoignent
toutes d'un effort pathétique de l'homme en vue de sa libération
vis-à-vis d'un monde dont il se sent prisonnier.
Au cours de cette revue forcément rapide, mais cependant complète
des attitudes gnostiques, l'auteur va droit à l'essentiel; il insiste
sur la nature profonde de la gnose, une au sein de la diversité de ses
manifestations: plutôt que d'une véritable connaissance, il s'agit d'une
révélation à caractère mystérieux mais qui, possédée par 1 'homme
angoissé, donne à celui-ci la clé de son évasion. Evasion passionnément
désirée, que celle qui arrachera la créature à un monde qui lui est
étranger, mais auquel elle se trouve assujettie 1 La gnose permet de
résoudre l'obsédant problème: le retour de l'âme aux régions supérieures
d'où elle est tombée. « Le gnostique, dit S. Rutin dans une
frappante définition, c'est toujours un homme qui désire échapper à
la fatalité du monde d'ici-bas, et récupérer la condition lumineuse qui
était la sienne avant la chute. »
J. J.
PANIKKAR, K. M., Histoire de l'Inde. Traduit de l'anglais. Ed. A. Fayard,
Paris, 1958.
Le livre du Sardar Panikkar, Membre de l'Académie Indienne des
Lettres et Président de l'Académie des Lettres de l'Etat de Kerala, est
digne d'intéresser le grand public du monde entier et plus particulièrement
les importantes communautés hindoues de Trinidad, de la
Guyane et de l'Afrique du Sud.