1959 - Université Libre de Bruxelles

18 DISCOURS DE M. PAUL DE GROOT
dans le domaine éducatif, dans le domaine de la pensée, dans
celui des valeurs spirituelles et des règles de vie, qui émanent
de la formation et du climat universitaires, doivent être d'autant
plus soigneusement préservés qu'ils comblent des lacunes
au niveau de l'enseignement secondaire. Ces possibilités de
puiser à des sources éducatives diverses, offertes par notre haut
enseignement, réclament des garanties de libre choix; elles sont
essentielles parce qu'elles enrichissent le milieu national par le
pluralisme et la variété, et qu'elles évitent que nos élites ne
puissent devenir intellectuellement stéréotypées.
En dehors de ces considérations, on doit se demander si
l'on vit véritablement en Belgique des doubles emplois universitaires.
Je suis persuadé du contraire lorsque je compare les
densités universitaires dans la plupart des pays évolués à celle
de la Belgique. Et si l'on en arrive à reconnaître que le nombre
des Universités belges n'est guère trop élevé, il faut être de bon
compte en considérant qu~ -ce nombre se rapporte bien à des
Universités complètes et générales dans la gamme des enseignements
donnés, et non pas à des institutions partiellement
amputées de cours importants. Il s'agit d'Universités complètes,
capables de faire face à l'association indispensable des activités
didactiques et des activités complémentaires de recherches; il
s'agit, faut-il le répéter, d'Universités capables de délivrer des
diplômes complets. D'ailleurs, les similitudes ou les analogies
d'enseignements donnés de diverses parts sont généralement
prises à tort pour des doubles emplois gratuits et stériles; en
voyant les choses de plus près, elles apparaissent comme une
source d'enrichissement par diversification.
Au surplus, le nombre des établissements d'enseignement
supérieur et le montant de leurs populations unitaires sont,
dans chaque pays, dans une liaison étroite. A cet égard, la
position de l'Université de Bruxelles est très claire. Ses ambitions
sont grandes lorsqu'il s'agit de répandre son idéal de
libre examen, mais ces ambitions ne lui font pas perdre de vue,
qu'au-delà de limites relativement restreintes, l'importance en
nombre d'étudiants d'un établissement universitaire risque de
s'étendre au détriment des contacts scientifiques et humains.
qu'il a pour devoir de ménager et de renforcer.
Pour ces quelques raisons - et il y en a bien d'autres
d'ailleurs - je demeure persuadé de ce que les idées de rationa-