1959 - Université Libre de Bruxelles

FORMATION 171
de docteurs en sciences appliquées durant ces dernières années et il
convient de s'en réjouir.
M. Baugnict. - Dans les statistiques que nous a livrées M. Jaumotte,
il y a un point fort inquiétant et pas très honorable pour l'Europe, c'est
le nombre par millier d'habitants des ingénieurs que les Etats-Unis ont à
leur disposition - si j'ai bien noté, 4,2 - tandis que dans notre pays,
c'est 2,4. Cela ne provient-il pas de deux facteurs: d'abord, qu'il est
difficile, quand on établit des statistiques de l'espèce, de déterminer ce
qui est un ingénieur universitaire et ce qui est un ingénieur technicien
dans l'éventail qui nous est offert dans toutes les formations d'ingénieurs
du monde et ensuite du fait, que nous avons peut-être dans nos pays
européens des exigences beaucoup plus grandes en ce qui concerne les
prestations horaires de nos ingénieurs que les pays d'Amérique.
M. Jau motte. - L'indice qu'a rappelé M. le Recteur honoraire
Baugniet n'est pas l'indice d'ingénieurs mais bien l'indice des techniciens
(établi à partir de la somme des ingénieurs civils et des ingénieurs
techniciens). Dans ces conditions, il n'y a pas de discrimination à faire
entre ingénieurs et ingénieurs techniciens, ce qui facilite la comparaison
et supprime une cause d'inc:ertitude.
J'ajouterai que le chiffre de 4,2 pour les Etats-Unis a été établi
avec beaucoup de prudence. Il représente certainement une limite inférieure
de l'indice de techniciens aux Etats-Unis. C'est pourquoi il a été
placé entre deux colonnes dans le tableau qui le contient.
Je ne crois donc pas que l'on puisse partager l'optimisme de M. le
Recteur Baugniet : 2,4 est bien l'indice de techniciens pour la Belgique,
4,2 est une limite inférieure du même indice aux Etats-Unis.
Quant aux heures de prestations, il s'agit évidemment d'un problème
extrêmement délicat, variable d'une entreprise à l'autre. Il y a
des entreprises, même en Belgique, Oll lorsque l'heure de la sortie a
sonné, il n'est pas toléré que le personnel reste à l'intérieur de l'entreprise,
pas plus le personnel ingénieur que le personnel ouvrier. Dans
d'autres, au contraire, les heures sont très largement dépassées. Il est
évidemment impossible d'établir une quelconque statistique à ce sujet.
On pourrait d'ailleurs se demander si les méthodes de travail et
l'ambiance dans laquelle l'ingénieur américain est placé, ne lui donnent
pas une productivité supérieure. Si bien que si nous avions mené une
enquête sur le nombre d 'heures de travail effectives des ingénieurs dans
les deux pays, nous ne pourrions pas encore répondre nettement à la
question. Je crois qu'il vaut mieux s'en tenir aux chiffres de base: il y
a davantage de techniciens employés aux Etats-Unis qu'en Belgique, sans
aucun doute. Peut-être travaillent-ils moins d 'heures, mais avec une
productivité plus grande qui équilibre les prestations moindres.
On se retrouve finalement devant la comparaison des deux
indices 2,4 pour la Belgique, 4,2 pour les Etats-Unis.
M. Janne. - Nous passons à présent au deuxième point de notre
ordre du jour. Après avoir établi quel était l'état de la formation et
l'aspect dynamique de la formation, dans notre pays des mathématiciens,
des physiciens, des chimistes, des biologistes, des ingénieurs et des agronomes,
phénomène qui dépend en grande partie, selon notre hypothès~
même de travail, de l'état de nos études mathématiques, nous poson'!,
la question du rÔle de la mathématique dans la préparation de ces spécialistes.
Le rapport est présenté par M. Robert Godeau et je lui donne
la parole.