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i- :1 :4 - - Centre de Recherche en Epistémologie Appliquée

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<strong>de</strong>man<strong>de</strong> alors, et obti<strong>en</strong>t, la permission Ie projeter dans le tribunal les actualités<br />

<strong>en</strong> question un plan saisissant montre l’appareil <strong>de</strong> projection faisant face au<br />

spectateur du film, tous les acteurs dans la salle tournés vers l’écran sur lequel<br />

seront projetées les images écran qui est, par une symétrie <strong>de</strong> miroir, celui que<br />

le spectateur regar<strong>de</strong>. Le film s’i<strong>de</strong>ntifie aux actualités à travers un miroir. Car<br />

les images qui sont alors montrées au tribunal sont celles que le spectateur a<br />

déjà vues (leurs cadrages n’aurai<strong>en</strong>t pu être effectués par les reporters<br />

contre-plongées, plans rapprochés sur certains personnages, etc..,), celles qui lui<br />

t<strong>en</strong>ai<strong>en</strong>t lieu <strong>de</strong> réalité indubitable. Le filin se réfère à lui-même, seul dét<strong>en</strong>teur <strong>de</strong><br />

la vérité, pour établir cette vérité : pour prouver que les accusés étai<strong>en</strong>t au<br />

lynchage, il se projette pour lui-même dans un miroir et se montre à lui-même La<br />

particularité <strong>de</strong> Limage filmée, qui r<strong>en</strong>d immédiatem<strong>en</strong>t prés<strong>en</strong>t le passé, permet<br />

au film <strong>de</strong> se boucler mom<strong>en</strong>taném<strong>en</strong>t sur lui-même (je serais t<strong>en</strong>té par le<br />

miroir <strong>de</strong> dire <strong>en</strong> anneau <strong>de</strong> Mobius : le film se boucle grâce à une distorsion, une<br />

inversion visuelle ; par opposition à un film circulaire dont l’intrigue, ou un<br />

flash-back, effectuerait la boucle). Imaginons l’espace fictionnel irrémédiablem<strong>en</strong>t<br />

tronqué, ou délimité, par un plan vertical (une pièce carrée dont un <strong>de</strong>s murs<br />

est. abs<strong>en</strong>t, comme une scène <strong>de</strong> théâtre): ce plan est celui <strong>de</strong> l’image, la f<strong>en</strong>être<br />

grâce à. laquelle le spectateur peut voir. Fritz Lang remplace dans cet espace le<br />

plan par un miroir : le film se clôt alors parfaitem<strong>en</strong>t. Du point <strong>de</strong> vue du<br />

spectateur, cette figure peut être appelée mise <strong>en</strong> abyme. <strong>en</strong>core que d’un type<br />

particulier : la narration se conti<strong>en</strong>t elle-même, non seulem<strong>en</strong>t totalem<strong>en</strong>t (l’image<br />

reflétée coïnci<strong>de</strong> parfaitem<strong>en</strong>t avec l’image du film), mais <strong>de</strong> plus consciemm<strong>en</strong>t<br />

(toute l’intrigue y est susp<strong>en</strong>due, tous les acteurs observ<strong>en</strong>t) : le film se regar<strong>de</strong>.<br />

Non seulem<strong>en</strong>t il se regar<strong>de</strong>, il se juge. Nous avons signalé que le film<br />

indique nettem<strong>en</strong>t l’aspect fragm<strong>en</strong>taire <strong>de</strong>s actualités par rapport à. lévènem<strong>en</strong>t:<br />

puis il s’i<strong>de</strong>ntifie <strong>en</strong>tièrem<strong>en</strong>t à elles. Or, à. quoi parvi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t ces images ? A<br />

prouver la culpabilité <strong>de</strong>s accusés. Le coup <strong>de</strong> théâtre final les disculpe : les images<br />

ont m<strong>en</strong>ti. Techniquem<strong>en</strong>t, il est vrai, elles ne fur<strong>en</strong>t citées au procès que pour<br />

prouver la prés<strong>en</strong>ce et la participation <strong>de</strong>s accusés au lynchage: mais le fait est<br />

tout d’abord, qu’elles parvi<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t à prouver, même indirectem<strong>en</strong>t . un m<strong>en</strong>songe;<br />

et, <strong>de</strong> plus, le film nous avait déjà. m<strong>en</strong>ti <strong>en</strong> nous faisant croire à la mort <strong>de</strong> Joe,<br />

à prés<strong>en</strong>t, le film se m<strong>en</strong>t., et montre, à nous autant qu’à lui-même, son m<strong>en</strong>songe.<br />

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