i- :1 :4 - - Centre de Recherche en Epistémologie Appliquée
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quel pouss<strong>en</strong>t les pommes <strong>de</strong> Freia, rappelle celui <strong>de</strong>s Hespéri<strong>de</strong>s.<br />
Il le rappelle trop pour qu’il ne s’agisse pas d’or véritable. 11<br />
faut noter aussi au passaue oue Wotan et les dieux ne se souci<strong>en</strong>t<br />
absolum<strong>en</strong>t pas <strong>de</strong> Freia ni <strong>de</strong> sa fonction supposée dans leur éter<br />
nité, leur immortalité. Ils sont prêts à la cé<strong>de</strong>r aussi lonatemps<br />
qu’elle ne leur est pas <strong>en</strong>levée. C’est à l’instant où les géants<br />
s’approch<strong>en</strong>t <strong>de</strong> Freia, où ils mett<strong>en</strong>t la main sur elle, oue les<br />
dieux se mobilis<strong>en</strong>t pour déf<strong>en</strong>dre la déesse. Ce sont moins ses cris<br />
désespérés qui les émeuv<strong>en</strong>t, que <strong>de</strong> la voir aux mains <strong>de</strong>s géants,<br />
<strong>en</strong> d’autres mains que les leurs. A mesure aue les géants s’éloi<br />
gn<strong>en</strong>t avec leur proie, la perte <strong>de</strong>s pommes explique le chanoem<strong>en</strong>t<br />
d’appar<strong>en</strong>ce <strong>de</strong>s dieux, ils verdiss<strong>en</strong>t, jauniss<strong>en</strong>t, vieillis<strong>en</strong>t,<br />
dépériss<strong>en</strong>t à toute vitesse, à mesure que l’objet ou’ils se disput<strong>en</strong>t<br />
avec les géants disparaît. L’éternelle jeunesse, l’éternelle puis<br />
sance n’est qu’une variante ici <strong>de</strong> ce que 1’ Ilia<strong>de</strong> appelle le Kudos,<br />
cet éclat merveilleux oui va et vi<strong>en</strong>t parmi les hommes, mais aue<br />
les dieux possè<strong>de</strong>nt à jamais car ils ne sont jamais vaincus.<br />
Ce que je dis <strong>de</strong> Freia et <strong>de</strong>s pommes d’or vaut égalem<strong>en</strong>t,<br />
à mon avis, pour l’or du Rhin. L’or du Rhin,c’estceque les hommes<br />
et les femmes convoit<strong>en</strong>t, se disput<strong>en</strong>t, s’arrach<strong>en</strong>t, parfois échan<br />
g<strong>en</strong>t du fait qu’ils s’imit<strong>en</strong>t réciproquem<strong>en</strong>t dans les désirs. C’est<br />
donc à peu près n’importe quoi. Ce n’est ri<strong>en</strong> au-<strong>de</strong>là d’une certaine<br />
int<strong>en</strong>sité dans le processus réciproque d’appropriation, mais ce<br />
sont aussi toutes sortes <strong>de</strong> bi<strong>en</strong>s parfaitem<strong>en</strong>t réels veaux, vaches,<br />
cochons, couvées, <strong>de</strong>s vian<strong>de</strong>s à dévorer, <strong>de</strong>s vian<strong>de</strong>s <strong>de</strong> filles du<br />
Rhiri à malaxer, <strong>de</strong>s femmes à possé<strong>de</strong>r, <strong>de</strong>s espèces sonnantes et<br />
trébuchantes. Ce sont tous les bi<strong>en</strong>s au’on dit irréels et ou’on<br />
dit réels, mais dont les conséou<strong>en</strong>ces finales sont l’importance,<br />
la victoire, le succès, la vanité, l’orgueil, le prestige et la<br />
gloire qui apparaiss<strong>en</strong>t toujours, au-<strong>de</strong>là du désir sexuel et sous<br />
la forme <strong>de</strong> l’or. Et bi<strong>en</strong> sûr, un peu plus tard - mais Locie n’<strong>en</strong><br />
parle pas parce que, au fond, il veut mimer les dieux - leur con<br />
traire, les conséqu<strong>en</strong>ces inverses : la honte, la défaite, les souf<br />
frances, la rrort, la mlédiction <strong>de</strong> l’or ou’Alberich va prononcer