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i- :1 :4 - - Centre de Recherche en Epistémologie Appliquée

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224<br />

t<strong>en</strong>us par Sperber : nous y trouvons une analyse du rituel qui permet <strong>de</strong><br />

réondre aux objections <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier et, <strong>en</strong> outre, qui consoli<strong>de</strong> et<br />

même suggère d’améliorer la théorie transculturelle du religieux qui<br />

s’est peu à peu constituée <strong>de</strong>puis le début <strong>de</strong> mon exposé.<br />

Mary Douglas comm<strong>en</strong>ce par une remarque ess<strong>en</strong>tielle qui corrobore, d’<strong>en</strong><br />

trée <strong>de</strong> jeu, ce sur quoi j’ai déjà mis l’acc<strong>en</strong>t : la principale fonction<br />

du rituel est <strong>de</strong> mettre les êtres (humains ou divins) à bonne distance<br />

les uns <strong>de</strong>s autres. “Les règles relatives au sacré, écrit—elle, sont<br />

(...) <strong>de</strong>stinées à t<strong>en</strong>ir les dieux à distance”, qu’il s’agisse <strong>de</strong> “mettre<br />

les dieux à l’abri <strong>de</strong>s profanations” ou <strong>de</strong> “mettre le profane à l’abri<br />

<strong>de</strong> dangereuses intrusions divines” (70). D’où ce qu’il est conv<strong>en</strong>u<br />

d’appeler “l’ambival<strong>en</strong>ce” du sacré ou, plus exactem<strong>en</strong>t, la contiguïté<br />

<strong>de</strong>s notions <strong>de</strong> sacré et d’impur qu’atteste, par exemple, la latin sacer<br />

(71) car—ajouterais—je —, si la divinité est la viol<strong>en</strong>ce hypostasiée,<br />

une trop gran<strong>de</strong> proximité <strong>de</strong>s dieux est ipso facto pour les hommes une<br />

cause <strong>de</strong> souillure. La sainteté <strong>de</strong>s dieux suppose, au contraire, leur<br />

transc<strong>en</strong>dance, c’est—à—dire leur éloignem<strong>en</strong>t; et c’est pourquoi, comme<br />

le relève Douglas, le mot hébreu Kadosch, que l’on traduit par saint,<br />

signifie séparé (72).<br />

Et dès lors, les abominations du Lévitique et du Deutéronome per<strong>de</strong>nt<br />

leur caractère énigmatique. Elles sont toutes précédées du comman<strong>de</strong>m<strong>en</strong>t<br />

“Soyez saints, car je suis saint”, montre Mary Douglas, parce qu’elles<br />

ont toutes pour objet <strong>de</strong> préserver et <strong>de</strong> r<strong>en</strong>forcer la séparation <strong>de</strong>s<br />

élém<strong>en</strong>ts et <strong>de</strong>s êtres que Dieu a instituée <strong>en</strong> créant le mon<strong>de</strong> (73). On<br />

sait avec quelle instance le verbe “séparer” revi<strong>en</strong>t d’un bout à l’autre<br />

du chapitre premier <strong>de</strong> la G<strong>en</strong>èse : ce qu’on appelle la création du mon<strong>de</strong><br />

est avant tout une série <strong>de</strong> séparations successives. Pour être saint,<br />

comme Dieu est saint, l’homme doit donc maint<strong>en</strong>ir et prolonger cette<br />

oeuvre <strong>de</strong> séparation. De là cette phobie du mélange et cette obsession<br />

<strong>de</strong> la pureté qui gouvern<strong>en</strong>t toutes les prescriptions du Lévitique et du<br />

Deutéronome, sans exception, car il s’agit toujours <strong>de</strong> l’application réi<br />

térée d’un seul et même principe : non seulem<strong>en</strong>t l’homme ne doit pas

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