i- :1 :4 - - Centre de Recherche en Epistémologie Appliquée
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Examinons maint<strong>en</strong>ant une première application <strong>de</strong> cette métho<strong>de</strong>.<br />
Comm<strong>en</strong>t Dieu peut—il nous parler, <strong>de</strong>man<strong>de</strong> Hobbes. Il répond que<br />
Dieu ne peut nous parler que <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux manières: soit directem<strong>en</strong>t,<br />
par une révélation spéciale et immédiate, soit indirectem<strong>en</strong>t,<br />
“par la médiation d’un autre homme auquel il a antérieurem<strong>en</strong>t<br />
parler lui—même immédiatem<strong>en</strong>t.”(P.410;p.397) De quelle façon a<br />
lieu une telle révélation immédiate “peut être adéquatem<strong>en</strong>t<br />
compris <strong>de</strong> ceux à qui il a ainsi parlé”(ibid), mais cela est<br />
impossible à compr<strong>en</strong>dre par ceux qui n’<strong>en</strong> ont pas fait l’ex<br />
péri<strong>en</strong>ce. Il s’<strong>en</strong>suit que si quelqu’un prét<strong>en</strong>d que Dieu lui a<br />
parlé <strong>de</strong> façon surnaturelle et jmmédiate, “et que j’<strong>en</strong> doute, je<br />
ne peux concevoir aisém<strong>en</strong>t quelle preuve il pourrait produire<br />
pour m’obliger à croire ce].a.”(P.411;p.397) S’il dit que Dieu lui<br />
a parlé <strong>en</strong> rêve, je dirai qu’il a rêvé que Dieu lui a parlé. S’il<br />
dit que Dieu lui est apparu dans une vision, je dirai qu’il a<br />
“rêvé dans un état intermédiaire <strong>en</strong>tre le sommeil et la vielle.”<br />
(ibid) “Ainsi, quoique le Dieu Tout-Puissant puisse parler à un<br />
homme au moy<strong>en</strong> <strong>de</strong> songes, <strong>de</strong> visions, <strong>de</strong> voix et d’inspiration,<br />
il n’oblige néanmoins personne à croire qu’il <strong>en</strong> a usé ainsi<br />
3° La raison ne peut<br />
<strong>en</strong>vers celui qui le prét<strong>en</strong>d”.(P.411;p.398)<br />
pas déci<strong>de</strong>r <strong>en</strong>tre les vrais et les faux prophètes, du moins elle<br />
ne le peut avec certitu<strong>de</strong>. Il s’<strong>en</strong> suit que Dieu ne m’oblige<br />
3’<br />
jamais à recevoir un homme comme prophète.<br />
La révélation est—elle donc impossible? Non, mais elle ne<br />
m’oblige pas. Dieu n’oblige pas ceux à qui il n’a pas révélé sa<br />
volonté immédiatem<strong>en</strong>t. Ceux—là ne peuv<strong>en</strong>t recevoir la parole <strong>de</strong><br />
Dieu que par la médiation <strong>de</strong>s autres hommes “dont ils ne mett<strong>en</strong>t<br />
<strong>en</strong> doute ni l’aptitu<strong>de</strong> à connaître la vérité, ni l’honnêteté pour<br />
ce qui est <strong>de</strong> ne pas tromper.” (P.132;p.61) La foi, non l’obliga<br />
tion politique, constitue le moy<strong>en</strong> adéquat <strong>de</strong> transmettre la<br />
révélation.<br />
Or si la raison ne nous fournit pas <strong>de</strong> critère adéquat pour<br />
distinguer <strong>en</strong>tre les vrais et les faux prophètes, peut—être Dieu<br />
nous a-t—il donné un signe à cet effet. Le problème bi<strong>en</strong> sur est<br />
celui du caractère circulaire <strong>de</strong> cet argum<strong>en</strong>t. Il faut déjà avoir<br />
répondu à la question afin <strong>de</strong> pouvoir y répondre. Comm<strong>en</strong>t un<br />
homme qui n’a reçu aucune révélation divine immédiate peut-il<br />
avoir accès aux signes divins qui distingu<strong>en</strong>t les vrais prophè<br />
tes? La réponse à cette question présuppose que la réponse est<br />
déjà connue. Elle présuppose que nous savons déjà qui sont les<br />
vrais prophètes <strong>de</strong> Dieu (ou du moins certains d’<strong>en</strong>tre eux) et<br />
qu’ils nous ont transmis <strong>de</strong>s signes indubitables qui nous<br />
permett<strong>en</strong>t <strong>de</strong> distinguer les vrais prophètes <strong>de</strong>s faux. Elle<br />
présuppose que les vrais prophètes sont ceux auxquels nous<br />
croyons déjà.<br />
La réponse hobbesi<strong>en</strong>ne tirée <strong>de</strong>s Ecritures Saintes reproduit<br />
cette difficulté. Il existe, dit Hobbes, <strong>de</strong>ux marques “qui,<br />
réunies, et non séparém<strong>en</strong>t, doiv<strong>en</strong>t faire reconnaître un vrai