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i- :1 :4 - - Centre de Recherche en Epistémologie Appliquée

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323<br />

protection est déjà absolue. Dieu doit plutôt offrir une<br />

protection et une sécurité d’un type différ<strong>en</strong>t.<br />

Il convi<strong>en</strong>t <strong>de</strong> m<strong>en</strong>tionner une <strong>de</strong>rnière chose avant d’<strong>en</strong> v<strong>en</strong>ir à<br />

l’interprétation hobbesi<strong>en</strong>ne du texte biblique. Il s’agit <strong>de</strong> ce<br />

Hobbes nomme les “châtim<strong>en</strong>ts naturels” <strong>de</strong> Dieu.<br />

Il n’y a pas d’action d’un homme <strong>en</strong> cette vie qui ne soit le<br />

début d’une chaîne <strong>de</strong> conséqu<strong>en</strong>ces si longue qu’aucune<br />

provi<strong>de</strong>nce humaine n’est suffisamm<strong>en</strong>t élevée pour <strong>en</strong> laisser<br />

<strong>en</strong>trevoir la fin. Et dans cette chaîne sont liés <strong>de</strong>s<br />

événem<strong>en</strong>ts agréables et désagréables <strong>de</strong> telle manière que<br />

quiconque accomplit quelque chose pour son plaisir doit<br />

s’<strong>en</strong>gager à souffrir les peines qui y sont annexées; et ces<br />

peines sont les châtim<strong>en</strong>ts naturels <strong>de</strong> ces actions qui sont<br />

le début <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> mal que <strong>de</strong> bi<strong>en</strong>. Et c’est ainsi que<br />

l’intempérance est naturellem<strong>en</strong>t punie par la maladie;<br />

l’emportem<strong>en</strong>t par la malchance; l’injustice, par la viol<strong>en</strong>ce<br />

<strong>de</strong>s <strong>en</strong>nemis; l’orgueil par la ruine; la lâcheté par<br />

l’oppression; le gouvernem<strong>en</strong>t néglig<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s princes par la<br />

rebellion; et la rebellion par le carnage. Or étant donné<br />

que les châtim<strong>en</strong>ts sont conséqu<strong>en</strong>ts à l’infraction à la loi,<br />

les châtim<strong>en</strong>ts naturels doiv<strong>en</strong>t être naturellem<strong>en</strong>t consé<br />

qu<strong>en</strong>t aux infractions aux lois <strong>de</strong> la nature; et les suivre<br />

comme leurs conséqu<strong>en</strong>ces naturelles et non pas arbitrai<br />

res. (P.406407;p.391_392)2?<br />

Les châtim<strong>en</strong>ts naturels <strong>de</strong> Dieu sont intéressants <strong>en</strong> raison <strong>de</strong><br />

leur ambiguité éthique et épistémique. Les châtim<strong>en</strong>ts naturels <strong>de</strong><br />

Dieu découl<strong>en</strong>t naturellem<strong>en</strong>t, et non arbitrairem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> toute<br />

infraction aux lois <strong>de</strong> la nature. Puisque les lois <strong>de</strong> la nature<br />

nous sont connues,<br />

28 nous pouvons <strong>en</strong> principe connaître les<br />

chàtim<strong>en</strong>ts divins. Cep<strong>en</strong>dant Hobbes nous dit qu’ils font partie<br />

d’une chaîne <strong>de</strong> conséqu<strong>en</strong>ces si longue, qu’aucun homme ne peut <strong>en</strong><br />

<strong>en</strong>trevoir la fin. Il s’<strong>en</strong>suit que les châtim<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> Dieu ne<br />

peuv<strong>en</strong>t pas être connus. Cette ambiguité correspond parfaitem<strong>en</strong>t<br />

à l’exist<strong>en</strong>ce limitée et idéelle que possè<strong>de</strong> le royaume <strong>de</strong> Dieu<br />

par nature. L’idée <strong>de</strong> ce royaume est rationnelle pour un acteur<br />

hobbesi<strong>en</strong>, et l’idée <strong>de</strong> châtim<strong>en</strong>ts naturels <strong>de</strong> Dieu <strong>en</strong> découle.<br />

Au vu <strong>de</strong> ce royaume et <strong>de</strong> ce que nous <strong>en</strong>seigne la raison, ces<br />

châtim<strong>en</strong>ts ne peuv<strong>en</strong>t être que les conséqu<strong>en</strong>ces naturelles <strong>de</strong>s<br />

infractions aux lois <strong>de</strong> la nature. Par contre, ce que la raison<br />

ne nous <strong>en</strong>seigne pas c’est quel événem<strong>en</strong>t, celui—ci ou celui—là,<br />

est un châtim<strong>en</strong>t divin. Si elle l’<strong>en</strong>seignait, le royaume <strong>de</strong> Dieu<br />

existerait ici et maint<strong>en</strong>ant et Dieu nous gouvernerait <strong>en</strong><br />

personne. Tant que Dieu <strong>de</strong>meure sil<strong>en</strong>cieux aucune provi<strong>de</strong>nce<br />

humaine ne peut nous laisser <strong>en</strong>trevoir la fin.<br />

L’arnbiguité éthique suit l’ambiguité épistémique. “L’orgueil, par<br />

I-

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