i- :1 :4 - - Centre de Recherche en Epistémologie Appliquée
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protection est déjà absolue. Dieu doit plutôt offrir une<br />
protection et une sécurité d’un type différ<strong>en</strong>t.<br />
Il convi<strong>en</strong>t <strong>de</strong> m<strong>en</strong>tionner une <strong>de</strong>rnière chose avant d’<strong>en</strong> v<strong>en</strong>ir à<br />
l’interprétation hobbesi<strong>en</strong>ne du texte biblique. Il s’agit <strong>de</strong> ce<br />
Hobbes nomme les “châtim<strong>en</strong>ts naturels” <strong>de</strong> Dieu.<br />
Il n’y a pas d’action d’un homme <strong>en</strong> cette vie qui ne soit le<br />
début d’une chaîne <strong>de</strong> conséqu<strong>en</strong>ces si longue qu’aucune<br />
provi<strong>de</strong>nce humaine n’est suffisamm<strong>en</strong>t élevée pour <strong>en</strong> laisser<br />
<strong>en</strong>trevoir la fin. Et dans cette chaîne sont liés <strong>de</strong>s<br />
événem<strong>en</strong>ts agréables et désagréables <strong>de</strong> telle manière que<br />
quiconque accomplit quelque chose pour son plaisir doit<br />
s’<strong>en</strong>gager à souffrir les peines qui y sont annexées; et ces<br />
peines sont les châtim<strong>en</strong>ts naturels <strong>de</strong> ces actions qui sont<br />
le début <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> mal que <strong>de</strong> bi<strong>en</strong>. Et c’est ainsi que<br />
l’intempérance est naturellem<strong>en</strong>t punie par la maladie;<br />
l’emportem<strong>en</strong>t par la malchance; l’injustice, par la viol<strong>en</strong>ce<br />
<strong>de</strong>s <strong>en</strong>nemis; l’orgueil par la ruine; la lâcheté par<br />
l’oppression; le gouvernem<strong>en</strong>t néglig<strong>en</strong>t <strong>de</strong>s princes par la<br />
rebellion; et la rebellion par le carnage. Or étant donné<br />
que les châtim<strong>en</strong>ts sont conséqu<strong>en</strong>ts à l’infraction à la loi,<br />
les châtim<strong>en</strong>ts naturels doiv<strong>en</strong>t être naturellem<strong>en</strong>t consé<br />
qu<strong>en</strong>t aux infractions aux lois <strong>de</strong> la nature; et les suivre<br />
comme leurs conséqu<strong>en</strong>ces naturelles et non pas arbitrai<br />
res. (P.406407;p.391_392)2?<br />
Les châtim<strong>en</strong>ts naturels <strong>de</strong> Dieu sont intéressants <strong>en</strong> raison <strong>de</strong><br />
leur ambiguité éthique et épistémique. Les châtim<strong>en</strong>ts naturels <strong>de</strong><br />
Dieu découl<strong>en</strong>t naturellem<strong>en</strong>t, et non arbitrairem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> toute<br />
infraction aux lois <strong>de</strong> la nature. Puisque les lois <strong>de</strong> la nature<br />
nous sont connues,<br />
28 nous pouvons <strong>en</strong> principe connaître les<br />
chàtim<strong>en</strong>ts divins. Cep<strong>en</strong>dant Hobbes nous dit qu’ils font partie<br />
d’une chaîne <strong>de</strong> conséqu<strong>en</strong>ces si longue, qu’aucun homme ne peut <strong>en</strong><br />
<strong>en</strong>trevoir la fin. Il s’<strong>en</strong>suit que les châtim<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> Dieu ne<br />
peuv<strong>en</strong>t pas être connus. Cette ambiguité correspond parfaitem<strong>en</strong>t<br />
à l’exist<strong>en</strong>ce limitée et idéelle que possè<strong>de</strong> le royaume <strong>de</strong> Dieu<br />
par nature. L’idée <strong>de</strong> ce royaume est rationnelle pour un acteur<br />
hobbesi<strong>en</strong>, et l’idée <strong>de</strong> châtim<strong>en</strong>ts naturels <strong>de</strong> Dieu <strong>en</strong> découle.<br />
Au vu <strong>de</strong> ce royaume et <strong>de</strong> ce que nous <strong>en</strong>seigne la raison, ces<br />
châtim<strong>en</strong>ts ne peuv<strong>en</strong>t être que les conséqu<strong>en</strong>ces naturelles <strong>de</strong>s<br />
infractions aux lois <strong>de</strong> la nature. Par contre, ce que la raison<br />
ne nous <strong>en</strong>seigne pas c’est quel événem<strong>en</strong>t, celui—ci ou celui—là,<br />
est un châtim<strong>en</strong>t divin. Si elle l’<strong>en</strong>seignait, le royaume <strong>de</strong> Dieu<br />
existerait ici et maint<strong>en</strong>ant et Dieu nous gouvernerait <strong>en</strong><br />
personne. Tant que Dieu <strong>de</strong>meure sil<strong>en</strong>cieux aucune provi<strong>de</strong>nce<br />
humaine ne peut nous laisser <strong>en</strong>trevoir la fin.<br />
L’arnbiguité éthique suit l’ambiguité épistémique. “L’orgueil, par<br />
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