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i- :1 :4 - - Centre de Recherche en Epistémologie Appliquée

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est un Dieu qui existe <strong>en</strong> effet — comme les images exist<strong>en</strong>t — puisque les<br />

hommes l’ont créé C...) On peut vouloir braver une idole, c’est—à—dire<br />

une image, quand on sait le pouvoir qu’idoles et images ont sur le mon<strong>de</strong>.<br />

Or Don Juan le sait. Le combat qu’il conduit, c’est contre ce fant6me<br />

transc<strong>en</strong>dant sur quoi se fon<strong>de</strong>nt une foi d’ignorants et une morale<br />

d’esclaves; c’est ce Dieu—là qu’il provoque, “le seul tort qu’il ne<br />

puisse pardonner à l’homme” (Sa<strong>de</strong>). Et, du coup, sa négation <strong>de</strong> Dieu<br />

pr<strong>en</strong>d <strong>en</strong> effet la forme d’un règlem<strong>en</strong>t <strong>de</strong> comptes” (19).<br />

J’ai déjà exposé l’ess<strong>en</strong>tiel <strong>de</strong> ma position : ni “chréti<strong>en</strong>ne<br />

romantique”, ni antichréti<strong>en</strong>ne. Don Juan n’échappe évi<strong>de</strong>mm<strong>en</strong>t pas à la<br />

logique <strong>de</strong> l’image, il ne vit que d’elle, il ne se nourrit que d’abs<strong>en</strong>ce,<br />

jamais <strong>de</strong> prés<strong>en</strong>ce. Le “manque” est sa passion, à l’instar <strong>de</strong>s<br />

structuralistes et autres déconstructeurs. C’est la vie qu’il proclame,<br />

dis<strong>en</strong>t les uns, c’est la mort qui l’attire, dis<strong>en</strong>t les autres, c’est bi<strong>en</strong><br />

le signe que pulsions <strong>de</strong> vie et pulsions <strong>de</strong> mort ne font qu’un. Ces faux<br />

mystères se dissip<strong>en</strong>t si l’on admet ceci : c’est parce que la<br />

transc<strong>en</strong>dance est l’image ultime <strong>de</strong> l’autonomie qui exclut, que Don Juan<br />

veut à la fois la possé<strong>de</strong>r et la détruire.<br />

Comme sur beaucoup d’autres sujets, la clef nous est donnée par<br />

Sganarelle, ce “double inférieur”, cet “écho <strong>de</strong> son ma!tre”, “cette<br />

incarnation timi<strong>de</strong> et pitoyable, foncièrem<strong>en</strong>t inférieure, <strong>de</strong> tout ce qui<br />

pouvait se scandaliser <strong>de</strong>s audaces <strong>de</strong> Don Juan”, qui, tout <strong>en</strong> prét<strong>en</strong>dant<br />

hair ce “grand seigneur méchant homme” qu’il ne continue à servir, dit—<br />

il, que ma par la seule peur, prouve <strong>en</strong> maintes circonstances “qu’il<br />

admire assez son mattre pour l’imiter quand il ose” (Béniehou) (20). Je<br />

fais référ<strong>en</strong>ce à la fameuse scène 1 <strong>de</strong> l’Acte III où Don Juan, ayant<br />

déclaré que cela seul auquel il croit, c’est que “<strong>de</strong>ux et <strong>de</strong>ux sont

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