i- :1 :4 - - Centre de Recherche en Epistémologie Appliquée
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14. Au sujet <strong>de</strong> la rationalité <strong>de</strong> la croyance <strong>en</strong> Dieu chez<br />
Hobbes, voir K.C. Brown, op. cit.; D. Gauthier, The Logic of<br />
Leviathan, Oxford, 1969; WB. Glover, op. cit.; P. Johnson, op.<br />
cit. Hobbes a toujours fait la distinction <strong>en</strong>tre la croyance <strong>en</strong><br />
un Dieu créateur omnipot<strong>en</strong>t et ce qu’il nommait “les opinions<br />
absur<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s G<strong>en</strong>tils”. La première est rationnelle, les secon<strong>de</strong>s<br />
<strong>de</strong>coul<strong>en</strong>t d’une peur irrationnelle <strong>de</strong>s esprits invisibles. Il se<br />
peut, et on l’a parfois suggéré que cette distinction n’existe<br />
que pour <strong>de</strong>s raisons tactiques et pru<strong>de</strong>ntielles. Cela est certes<br />
possible, mais avant d’<strong>en</strong> juger il convi<strong>en</strong>t <strong>de</strong> regar<strong>de</strong>r <strong>de</strong> près<br />
la structure <strong>de</strong> l’argum<strong>en</strong>tation <strong>de</strong> Hobbes.<br />
15. Il me semble qu’<strong>en</strong> ce <strong>de</strong>rnier paragraphe du chapitre 15<br />
Hobbes dit exactem<strong>en</strong>t ce qu’il veut dire, à savoir: que les<br />
prescriptions <strong>de</strong> la droite raison peuv<strong>en</strong>t être considérées comme<br />
<strong>de</strong>s lois <strong>de</strong> Dieu, et qu’elles ne sont proprem<strong>en</strong>t conçues comme<br />
lois que si elles sont vues comme procédant <strong>de</strong> Dieu, mais il n’y<br />
a là aucune obligation, et nous ne sommes pas forcés, du moins<br />
par la raison, à considérer ses prescriptions comme v<strong>en</strong>ant <strong>de</strong><br />
Dieu.<br />
16. La religion comme moy<strong>en</strong> du pouvoir politique, comme ruse <strong>de</strong>s<br />
forts, comme façon <strong>de</strong> maint<strong>en</strong>ir l’obéissance et<br />
l’assujettissem<strong>en</strong>t du peuple, c’est là semble—t—il une conception<br />
<strong>de</strong> la religion typique du 18e siècle, une vue très voltairi<strong>en</strong>ne.<br />
Cep<strong>en</strong>dant <strong>de</strong>ux différ<strong>en</strong>ces majeures exist<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre la conception<br />
<strong>de</strong> Hobbes et celle du 18e siècle. Premièrem<strong>en</strong>t, selon Hobbes,<br />
cette ruse <strong>de</strong>s forts, n’est pas contre mais pour les faibles. La<br />
secon<strong>de</strong>, ainsi que nous le verrons tout à l’heure, est que Hobbes<br />
refuse la théorie conspirationnelle <strong>de</strong> la société qui est sous—<br />
jac<strong>en</strong>te à cette conception <strong>de</strong> la religion. Il y a peut—être une<br />
ruse <strong>de</strong> la religion, comme il y a une ruse <strong>de</strong> la raison chez<br />
Hegel, mais cette ruse n’est au pouvoir d’aucun homme, ou d’aucun<br />
groupe. Si la religion est un artifice élaboré par les fondateurs<br />
<strong>de</strong>s premières républiques <strong>de</strong>s G<strong>en</strong>tils afin <strong>de</strong> maint<strong>en</strong>ir<br />
l’obéissance du peuple, alors l’histoire montre, selon Hobbes,<br />
que l’artifice est un échec.(P179—183;p116—120) Les<br />
conspirations, qu’elles soi<strong>en</strong>t intituées par le souverain ou<br />
fom<strong>en</strong>tées par <strong>de</strong>s citoy<strong>en</strong>s rebelles, donn<strong>en</strong>t généralem<strong>en</strong>t, selon<br />
Hobbes, <strong>de</strong>s résultats qui sont très différ<strong>en</strong>ts <strong>de</strong> ceux<br />
qu’att<strong>en</strong><strong>de</strong>nt les conspirateurs. Les conspirations sont<br />
irrationnelles parce qu’un conspirateur “ne peut être reçu dans<br />
une société quj s’unit pour la paix et la protection que par une<br />
erreur <strong>de</strong> ceux qui le reçoiv<strong>en</strong>t, et ne peut y <strong>de</strong>meurer que s’ils<br />
ne voi<strong>en</strong>t le danger <strong>de</strong> leur erreur; sur laquelle erreur un homme<br />
ne peut pas raisonnablem<strong>en</strong>t tabler comme moy<strong>en</strong> <strong>de</strong> sa sécurité; et<br />
donc s’il est abandonné ou rejeté <strong>de</strong> la société il périt; et s’il<br />
vit dans la société c’est par les erreurs <strong>de</strong>s autres hommes,<br />
qu’il ne peut pas prévoir et sur lesquelles il ne peut pas<br />
compter; et <strong>en</strong> conséqu<strong>en</strong>ce c’est contre la raison <strong>de</strong> sa<br />
préservation.” (P205;p147)