i- :1 :4 - - Centre de Recherche en Epistémologie Appliquée
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345<br />
guerre civile donne les conditions <strong>de</strong> possibilités d’une<br />
politique purem<strong>en</strong>t rationnelle, d’une République qui ne professe<br />
aucune religion, où la religion n’est pas une partie <strong>de</strong> la<br />
politique, ni la politique une partie <strong>de</strong> la religion.<br />
Le Christianisme, alors que nous att<strong>en</strong>dons la secon<strong>de</strong> v<strong>en</strong>ue du<br />
Christ, est l’équival<strong>en</strong>t du royaume <strong>de</strong> Dieu par nature, c’est-à—<br />
dire à une politique sans religion. En l’abs<strong>en</strong>ce du Dieu les rois<br />
règn<strong>en</strong>t, et plus particulièrem<strong>en</strong>t <strong>en</strong> l’abs<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> ce Dieu ci qui<br />
nous a révélé qu’<strong>en</strong> l’abs<strong>en</strong>ce <strong>de</strong> Dieu les rois règn<strong>en</strong>t et que<br />
c’est par notre péché que nous nous sommes condannés au Lévia—<br />
than. Selon Hobbes ce que les hommes reçoiv<strong>en</strong>t d’un Dieu<br />
transc<strong>en</strong>dant ce n’est pas l’ordre social, mais la dure nécessité<br />
d’avoir à se donner à eux-mêmes leurs propres lois et <strong>de</strong> fon<strong>de</strong>r<br />
sur elles l’ordre <strong>de</strong> la cité. Ils peuv<strong>en</strong>t se plier à cette dure<br />
nécessité dans la peur et l’ignorance, comme l’on fait les paï<strong>en</strong>s<br />
qui ont perverti la claire rationalité du politique par leurs<br />
opinions absur<strong>de</strong>s sur les esprits invisibles. Ils peuv<strong>en</strong>t aussi<br />
s’y plier dans la peur et la connaissance, comme le font les<br />
acteurs hobbesi<strong>en</strong>s rationnels qui abandonn<strong>en</strong>t tous leurs droits<br />
au dieu mortel, Léviathan.<br />
Le rapport qui existe <strong>en</strong>tre la première et la secon<strong>de</strong> partie du<br />
Léviathan est différ<strong>en</strong>t et plus complexe que ce que l’on a<br />
généralem<strong>en</strong>t soupçonné. Ce rapport est premièrem<strong>en</strong>t épistémologi<br />
que. La lecture hobbesi<strong>en</strong>ne <strong>de</strong> la Bible aplanit le terrain sur<br />
lequel sera <strong>en</strong>suite construit l’édifice <strong>de</strong> la politique ration<br />
nelle. Ce ne sont pas les passions humaines qui constitu<strong>en</strong>t<br />
l’obstacle majeur à la politique hobbesi<strong>en</strong>ne, mais la religion,<br />
la peur <strong>de</strong>s esprits invisibles.<br />
50 On a parfois remarqué que chez<br />
Hobbes toutes les passions peuv<strong>en</strong>t se réduire à, ou se traduire<br />
dans le langage <strong>de</strong>, l’intérêt rationnel. C’est cet intérêt<br />
rationnel qui calcule le contrat et qui conduit l’ag<strong>en</strong>t rationnel<br />
hobbesi<strong>en</strong> à abandonner tous ses droits <strong>en</strong> faveur du souverain.<br />
5’<br />
Mais la peur <strong>de</strong>s esprits invisibles est irrationnelle, elle ne<br />
peut pas être réduite à un intérêt rationnel. (On pourrait peut—<br />
être considérer la peur <strong>de</strong>s esprits invisibles comme un intérêt<br />
irrationnel, si un tel concept était possible dans une philoso<br />
phie qui i<strong>de</strong>ntifie rationalité et intérêt. ) De plus la religion<br />
est aussi une forme d’organisation sociale, une forme fausse qui<br />
repose sur l’exploitation <strong>de</strong> la peur <strong>de</strong>s esprits invisibles. Il<br />
s’<strong>en</strong>suit que les hommes ne peuv<strong>en</strong>t être rationnellem<strong>en</strong>t persuadés<br />
d’abandonner l’ordre social religieux et la peur <strong>de</strong>s esprits<br />
invisibles.<br />
Le grand espoir qu’apporte le Christianisme selon Hobbes c’est<br />
que c’est une religion, la seule religion, qui puisse être<br />
réduite à l’intérêt personnel, et simultaném<strong>en</strong>t que le Chris<br />
tianisme prêche sa propre disparition <strong>en</strong> tant qu’ordre social. ie<br />
problème <strong>de</strong> la démonstration hobbesi<strong>en</strong>ne est que cette religion<br />
se doit d’être paradoxale. En effet qu’est—ce qu’une religion<br />
réductible à l’intérêt rationnel si le propre <strong>de</strong> la peur <strong>de</strong>s